22 févr.
2007
Chants populaires de Philippe Beck
Ouvrez ce livre à n'importe quelle page,
saisissez (façon de dire) trois vers au hasard, vous reconnaissez immédiatement l'auteur de Garde-manche hypocrite et de Dans de la nature : pourtant, ce livre est très différent de tous les précédents. Commencé en 2002, il a été achevé en 2006.
L'Avertissement de l'auteur nous apprend que chaque poème ou chant populaire s'inspire ... d'un conte noté par les Grimm mais en contrant leur tentative, récemment avérée, de mythification romantique.
Le livre est composé très musicalement d'une ouverture
(extrait 1)
Au ventre de Conteur
il y a la forge,
qui suggère parfois
la colère précise.
L'eau aide la forge.
Cœur la chauffe.
et d'un finale qui est une réouverture ou bien une réflexion sur la popularité.
(extrait 2)
Ici, j'ai essayé un test grandeur.
Sans médicament moral.
Et sans l'arme d'obstruction narrative
(rempart ou cuirasse de paille).
Entre les deux, à la fin de chaque chant, est précisé le titre du conte qui l'a suscité (et qu'il ressuscite) mais de ces 72 "contausses" (sic, hapax qui n'est pas de Beck), bien que la tentation soit grande, il ne faut rien extraire.
Disons seulement que le 1er s'intitule Peur d'après "Histoire d'un qui s'en alla pour apprendre le tremblement." et que non loin d'ici, scintille l'exception.
N'ouvrez pas ce livre à n'importe quelle page.
De même qu'il est préférable d'entrer dans l'Ulysse de Joyce avec Léopold Bloom (ou Molly à la toute fin), de même le lecteur verra tourner les clés plus près du sol avec les soldats connus des Chants 7 et 21.
Que le vers soit généralement frappé bref et simple n'empêche pas qu'il soit long à penser ni que le Chant 24 s'achève sur un alexandrin, entre deux points et sans verbe mais de facture très classique.
Depuis le succès du livre de Bruno Bettelheim, construit sur de trop grandes espérances, aux lumières crues , notre époque devait reprendre ces grands pans de mémoire comme un musicien reprend un morceau : c'est fait grâce au poète Philippe Beck dont l'herméneutique mélodieuse, si elle n'est pas promise aux mêmes flots d'argent que celle de son prédécesseur trop savant, n'en annonce pas moins le début de la fin des désenchantements.
saisissez (façon de dire) trois vers au hasard, vous reconnaissez immédiatement l'auteur de Garde-manche hypocrite et de Dans de la nature : pourtant, ce livre est très différent de tous les précédents. Commencé en 2002, il a été achevé en 2006.
L'Avertissement de l'auteur nous apprend que chaque poème ou chant populaire s'inspire ... d'un conte noté par les Grimm mais en contrant leur tentative, récemment avérée, de mythification romantique.
Le livre est composé très musicalement d'une ouverture
(extrait 1)
Au ventre de Conteur
il y a la forge,
qui suggère parfois
la colère précise.
L'eau aide la forge.
Cœur la chauffe.
et d'un finale qui est une réouverture ou bien une réflexion sur la popularité.
(extrait 2)
Ici, j'ai essayé un test grandeur.
Sans médicament moral.
Et sans l'arme d'obstruction narrative
(rempart ou cuirasse de paille).
Entre les deux, à la fin de chaque chant, est précisé le titre du conte qui l'a suscité (et qu'il ressuscite) mais de ces 72 "contausses" (sic, hapax qui n'est pas de Beck), bien que la tentation soit grande, il ne faut rien extraire.
Disons seulement que le 1er s'intitule Peur d'après "Histoire d'un qui s'en alla pour apprendre le tremblement." et que non loin d'ici, scintille l'exception.
N'ouvrez pas ce livre à n'importe quelle page.
De même qu'il est préférable d'entrer dans l'Ulysse de Joyce avec Léopold Bloom (ou Molly à la toute fin), de même le lecteur verra tourner les clés plus près du sol avec les soldats connus des Chants 7 et 21.
Que le vers soit généralement frappé bref et simple n'empêche pas qu'il soit long à penser ni que le Chant 24 s'achève sur un alexandrin, entre deux points et sans verbe mais de facture très classique.
Depuis le succès du livre de Bruno Bettelheim, construit sur de trop grandes espérances, aux lumières crues , notre époque devait reprendre ces grands pans de mémoire comme un musicien reprend un morceau : c'est fait grâce au poète Philippe Beck dont l'herméneutique mélodieuse, si elle n'est pas promise aux mêmes flots d'argent que celle de son prédécesseur trop savant, n'en annonce pas moins le début de la fin des désenchantements.