04 févr.
2003
Pagès par Desbiolles.
Nous rêvons notre vie
éd. Cercle d'Art
(coll. Pérégrines)
156 p.
Ordinairement, une muse ne manie pas la plume, le clavier lui répugne encore davantage mais ça n'a que peu d'importance : que sait-elle des cauchemars de celui qu'elle inspire? Imaginons cependant un instant que Rodin ait vécu avec l'une des plus remarquables écrivains de son temps et que celle-ci ait eu l'envie et la force de lui consacrer un livre...
Eh bien, on a le sentiment d'être en présence de quelque chose de ce genre en lisant "Nous rêvons notre vie", le texte très étonnant que Maryline Desbiolles vient de consacrer à Bernard Pagès, son compagnon de longue date et père de Lucie, à qui le livre est dédié.
Qu'une connaissance aussi intime de l'individu favorise la connaissance de l'œuvre du maître, voilà une proposition légitimement contestable, cela pourrait même constituer un handicap mais c'est bien le tour de force de l'écrivain que de mobiliser le savoir juste du plus proche tout en le mettant à la distance nécessaire. Il est vrai que Maryline Desbiolles, qui a fondé plusieurs revues importantes sur la Côte d'Azur ("Offset" puis "La Métis"), est loin d'être une néophyte en matière d'art, elle ne s'en laisse pas conter par Flanagan et associés ; cependant, elle démontre poétiquement (c'est-à-dire rigoureusment) que "Pagès raconte une histoire" dont "il a démêlé d'ores et déjà nombre de fils mais les dénouements encore inconnus le tiennent toujours en haleine."
De même que l'écriture de Desbiolles s'est nourrie des histoires de Pagès et de ses leçons d'âpreté, de son sens de l'effort, de même les sculptures de celui-ci ont baigné dans la lumière et les couleurs du poétique, elles ont appris à toucher et loin de nous dominer ou d'idéaliser nos projections comme des stèles, elles parlent "de notre faiblesse", à tout ce qui dans l'être flanche et tombe. Pagès par Desbiolles mais aussi bien pour Desbiolles et vice versa, ce livre nous offre les secrets entrelacs de deux noms : ce qui se crée de plus beau au-dessus d'eux.
Et pourtant on n'a encore rien dit de l'autre dimension de l'objet qui est aussi un catalogue (au format maniable), on n'a rien dit du fabuleux travail graphique de l'Atelier ter Bekke/ Behage, de la qualité de reproduction des couleurs des œuvres (de 1992 à 2002) ni des photos de Pagès au travail ou collectées par lui au gré de ses voyages.
éd. Cercle d'Art
(coll. Pérégrines)
156 p.
Ordinairement, une muse ne manie pas la plume, le clavier lui répugne encore davantage mais ça n'a que peu d'importance : que sait-elle des cauchemars de celui qu'elle inspire? Imaginons cependant un instant que Rodin ait vécu avec l'une des plus remarquables écrivains de son temps et que celle-ci ait eu l'envie et la force de lui consacrer un livre...
Eh bien, on a le sentiment d'être en présence de quelque chose de ce genre en lisant "Nous rêvons notre vie", le texte très étonnant que Maryline Desbiolles vient de consacrer à Bernard Pagès, son compagnon de longue date et père de Lucie, à qui le livre est dédié.
Qu'une connaissance aussi intime de l'individu favorise la connaissance de l'œuvre du maître, voilà une proposition légitimement contestable, cela pourrait même constituer un handicap mais c'est bien le tour de force de l'écrivain que de mobiliser le savoir juste du plus proche tout en le mettant à la distance nécessaire. Il est vrai que Maryline Desbiolles, qui a fondé plusieurs revues importantes sur la Côte d'Azur ("Offset" puis "La Métis"), est loin d'être une néophyte en matière d'art, elle ne s'en laisse pas conter par Flanagan et associés ; cependant, elle démontre poétiquement (c'est-à-dire rigoureusment) que "Pagès raconte une histoire" dont "il a démêlé d'ores et déjà nombre de fils mais les dénouements encore inconnus le tiennent toujours en haleine."
De même que l'écriture de Desbiolles s'est nourrie des histoires de Pagès et de ses leçons d'âpreté, de son sens de l'effort, de même les sculptures de celui-ci ont baigné dans la lumière et les couleurs du poétique, elles ont appris à toucher et loin de nous dominer ou d'idéaliser nos projections comme des stèles, elles parlent "de notre faiblesse", à tout ce qui dans l'être flanche et tombe. Pagès par Desbiolles mais aussi bien pour Desbiolles et vice versa, ce livre nous offre les secrets entrelacs de deux noms : ce qui se crée de plus beau au-dessus d'eux.
Et pourtant on n'a encore rien dit de l'autre dimension de l'objet qui est aussi un catalogue (au format maniable), on n'a rien dit du fabuleux travail graphique de l'Atelier ter Bekke/ Behage, de la qualité de reproduction des couleurs des œuvres (de 1992 à 2002) ni des photos de Pagès au travail ou collectées par lui au gré de ses voyages.