à propos de Magazine par Hugo Pernet
Les raisons qui déterminent le titre de ce livre restent assez mystérieuses, mais je peux en décrire quelques unes :
Un livre qui s'appelle Magazine implique une contradiction évidente (tout le livre est constitué à partir de propositions contradictoires), aussi bien au niveau de l'objet et de sa diffusion que du mode de lecture qu'on est sensé adopter dans l'un ou l'autre cas : il y a une incertitude dans la lecture, qui demande l'invention de critères particuliers.
Pourquoi Magazine ? A première vue pas grand-chose à voir avec Cosmopolitan ou Les Inrocks.
Le magazine est périodique, c'est sa définition, le temps est implicitement son sujet. Quant au livre, il est hanté par le temps et les durées qui le composent.
Il faut lire les livres comme des magazines : je veux qu'on puisse feuilleter un livre, le survoler visuellement, le lire n'importe comment et à n'importe quel moment.
Si le texte reste globalement attaché en haut de la page, c'est pour provoquer une vitesse de lecture. Même si le sens n'est pas intelligible, le langage doit être direct et efficace. Il doit marquer l'esprit, l'imprégner, s'attaquer à la cervelle - comme une publicité - en tant que pure substance biologique, mais aussi en tant que construction socioculturelle. Dans ce sens, Magazine est une critique du langage.
Je m'intéresse à des configurations linguistiques : avec Magazine, l'idée est de montrer du langage, comme un vrai magazine montre de la mode ou de l'esprit rock.
Les configurations en question forment des « objets » de langage dans le sens formaliste du terme (je pense notamment à Claude Royet-Journoud, mais aussi à la poésie concrète d'Eugen Gomringer, dont Emmett Williams dit qu'il a créé des toughts objects). À ceci près que l'autonomie ou la neutralité supposée de ces formes poétiques est remise en question à travers la capitalisation du langage minimal par les médias, la publicité, le monde de la consommation.
Par ailleurs, des résidus de mise en page ainsi que d'autres éléments visuels ou concrets s'intègrent dans le livre comme une sorte de langage muet qui se substitue par moment à l'écriture.
Un livre qui s'appelle Magazine est forcément un peu tordu. L'idéal serait que ce livre soit imprimé sur papier glacé bon marché type Glamour ou Biba (magazines féminins petits formats), pour éviter l'autorité irréelle associée à l'écriture dite « blanche » ou modernité négative (qui sert à la fois de modèle et de contre-modèle).
Magazine est un livre sans autorité, une fiction autour de l'acte - matériel et spirituel - d'écriture.
Un livre qui s'appelle Magazine implique une contradiction évidente (tout le livre est constitué à partir de propositions contradictoires), aussi bien au niveau de l'objet et de sa diffusion que du mode de lecture qu'on est sensé adopter dans l'un ou l'autre cas : il y a une incertitude dans la lecture, qui demande l'invention de critères particuliers.
Pourquoi Magazine ? A première vue pas grand-chose à voir avec Cosmopolitan ou Les Inrocks.
Le magazine est périodique, c'est sa définition, le temps est implicitement son sujet. Quant au livre, il est hanté par le temps et les durées qui le composent.
Il faut lire les livres comme des magazines : je veux qu'on puisse feuilleter un livre, le survoler visuellement, le lire n'importe comment et à n'importe quel moment.
Si le texte reste globalement attaché en haut de la page, c'est pour provoquer une vitesse de lecture. Même si le sens n'est pas intelligible, le langage doit être direct et efficace. Il doit marquer l'esprit, l'imprégner, s'attaquer à la cervelle - comme une publicité - en tant que pure substance biologique, mais aussi en tant que construction socioculturelle. Dans ce sens, Magazine est une critique du langage.
Je m'intéresse à des configurations linguistiques : avec Magazine, l'idée est de montrer du langage, comme un vrai magazine montre de la mode ou de l'esprit rock.
Les configurations en question forment des « objets » de langage dans le sens formaliste du terme (je pense notamment à Claude Royet-Journoud, mais aussi à la poésie concrète d'Eugen Gomringer, dont Emmett Williams dit qu'il a créé des toughts objects). À ceci près que l'autonomie ou la neutralité supposée de ces formes poétiques est remise en question à travers la capitalisation du langage minimal par les médias, la publicité, le monde de la consommation.
Par ailleurs, des résidus de mise en page ainsi que d'autres éléments visuels ou concrets s'intègrent dans le livre comme une sorte de langage muet qui se substitue par moment à l'écriture.
Un livre qui s'appelle Magazine est forcément un peu tordu. L'idéal serait que ce livre soit imprimé sur papier glacé bon marché type Glamour ou Biba (magazines féminins petits formats), pour éviter l'autorité irréelle associée à l'écriture dite « blanche » ou modernité négative (qui sert à la fois de modèle et de contre-modèle).
Magazine est un livre sans autorité, une fiction autour de l'acte - matériel et spirituel - d'écriture.