Ça va passer sur l'écume des jours (extrait) par Stéphane Casenobe
SUR L’ŒUVRE DES JOURS
ON PARLE BAS. ON NE PEUT PAS SE FUIR. LES MOTS
RECOMMENCENT A ME PARLER COMME UN ENDROIT
POSSIBLE DANS L’IRRESPIRABLE. LE POEME
C’EST UNE REGION ASSEZ SALE. LES MOUCHES
ME BOUFFENT. J’AIME HAÏR. QUI VA ŒUVRER ICI ?
A QUEL AUTEUR FAUT-IL L’IMPUTER ? VŒUX ADVERSES.
JE SUIS AU SERVICE DES OMBRES. JE CHERCHE UNE
OMBRE A MON POEME. JE SUIS D’UNE AUTRE ZONE.
JE FILTRE ET JE STAGNE POUR DES ETERNITES
A BASCULES JE CROIS. JETER A LA POUBELLE
EST-CE POUR AVOIR MOINS A PORTER ? MON CORPS VA
VERS LES EVANGILES. JE VIENS DE LA LUMIERE
DU SUD. LE LIVRE AUSSI VIENT DE L’INTERIEUR.
L’INFINI QUOTIDIEN DE LA VIE C’EST TROP LONG…
J’AVANCE DANS L’ERREUR
GRACE AU REVE ET A L’HYPNOSE JE ME RENDORS
DE SUITE. LES COULEURS SONT MYOPES. PERSONNE
NE VEUT ETRE LE TREIZIEME DANS UN CORPS
DE LOCATION. RIEN NE RESTE. AIDEZ-MOI A NAITRE !
IL ME FAUT M’INCARNER. J’ATTENDS. ÇA JE SAIS FAIRE…
UN POEME PEUT ENTRAINER LA MORT. J’ECRIS
EN MOYENNE TROIS JOURS PAR AN. JE VEUX FUMER
LA VIE JUSQU’AU FILTRE. JE MESURE PLUS DE
VINGT CENTIMETRES DE TECHNIQUE. ÇA FAIT TILT !
TANT PIS POUR LA DEGRINGOLADE DU KARMA.
LE POEME ENCORE LUI REVIENT EN 2 D.
ECRIRE C’EST CROIRE. OH ! QU’IL EST BON LE BON DIEU !
ET LE CIEL M’EST UN SEUL VETEMENT D’ECRITURE.
ETEINDRE LA LUMIERE ET CREER LES TENEBRES.
LA POESIE CE TRUC DE RICHE !
J’AI DES EMMERDEMENTS PLEIN LE CUL. JE NE VEUX
PAS ME DISSOUDRE ANONYMEMENT. JE NE SUIS
RIEN D’AUTRE QU’UN DEPLACEMENT DE LA MATIERE.
SEUL J’AI VIEILLI… JE CRIE MENTALEMENT. LES MOTS
N’AIDENT EN RIEN. LA SEULE ETERNITE DEJA
EST PASSEE. LE CHEMIN VERS L’ŒUVRE EST LONG… NE RIEN
PREVOIR QUE RIEN NE VIENNE PAS. IL EST TARD.
JE QUESTIONNE LE CIEL : LE CHRIST REGRETTE-T-IL
SA MORT ? C’EST PAR INSTINCT DE CONSERVATION
QUE J’ECRIS. QU’Y PUIS-JE MOI D’ECRIRE ? JE SUIS
COURT-CIRCUITE ! LES PEURS QUI DETEIGNENT SUR MOI
SONT INDELEBILES… MON MANDALA VERBAL
S’OUVRE. ME REECRIRE EST MAINTENANT VITAL.
JE PAYE CASH LE PRIX D’UNE HEURE DE LUMIERE !