Copie Carbone. par Tina Hype
Une erreur n’arrive pas par hasard.
Une erreur oscille entre plusieurs moments pour apparaître,
en rotation, en orbite autour d’un mouvement de pensées,
est entité à part entière qui se meut, dans les travers de nos cerveaux trop bons calculateurs, et sait se glisser, parmi la foule, jusqu’à sa cible définie.
Sans erreur, les flux informationnels suivent un cours sans à coups, sans chutes, sans symptômes, défaits de la donnée aléatoire qui interrompt la roue libre, pour la questionner.
L’erreur scinde chaque mécanisme en deux branches nouvelles, puis en plusieurs autres, jusqu’à devenir cartographie imparcourable, dans son ensemble, et ne laisser que des bribes disponibles à la pensée-cible, pour se reconfigurer chaque fois différemment.
Mutation générationnelle.
Un time machine à échelle humaine.
Écraser l'ancienne version, recommencer, se photocopier à l'infini, sans jamais accéder à la pluralité des images, et ainsi se voir, erronément, toujours en un seul.
En 4 dimensions, on pourrait voir dans leur ensemble, l’entièreté de toutes les images copiées et sur-copiées de nous même, au même instant. Nous prendrait alors peut-être le vertige de l’accès immédiat à toutes les strates d’empilements nous constituant, et peut-être le vide de ne plus avoir à reconstituer la fin de l’image.
Parfois je me laisse penser que la compilation s’est mal agencée.
Qu'une pensée a été déplacée sans sa source, errante, ne sachant avec quels nerfs traiter son information.
Il y a un os qui semble douloureux depuis quelques temps, un os dans le crâne, une drôle de douleur qui ne sait pas quel rôle jouer.
Des milliards de trous plein à craquer me font marcher de biais. Remplis mais indéchiffrables, mal répliqués, ils alimentent des mouvements qui n'existent que par eux-mêmes.
Est-ce que la photocopie d'une photocopie pense ?
Est-ce que vieillir c'est se remplir de trous ?
Est-ce que l'on évolue en s'imprécisant, un peu plus à chaque sauvegarde de nous-mêmes ?
Est-ce que la fin du processus est une automatisation réglée ?
N'ayant plus de bases sur lesquelles reposer, le cerveau agit dans les conditions empilées,
sans retour possible.
On construit des strates de vie sur la base d’empilements, et de vides :
Après des années de superpositions et d’ajouts, à but de la rectifier, une loi s’annule elle-même à la fin de la compilation. Entre ces empilements, quelques creux oubliés laissent encore une palette de gris à la moralisation d’un acte, ou d’une pensée.
Empilements/Fissure/contradiction.
La mémoire compresse ses strates pour avancer avec toutes les nouvelles données en permanence,
elle s’avale, s’auto-consume, choisit de n’être rien plutôt que quelque chose, de faire de l’oubli une puissance mentale : la libre errance.