Demain par Arno Araki
Demain
Je déciderai de faire quelque chose
Aujourd’hui je n’ai ni le lieu ni la place pour penser
Je me contente de faire semblant
Je caresse des idées
J’apprivoise des instants encore non connus
Je triche avec les heures
Je traque des angoisses
J’admire le silence
J’inspecte les qualités du calme
Je fais le coup de l’inventaire
J’hérite d’un aspirateur
L’océan est absent
Les couleurs se cachent
Le ciel est transparent
Je compte trois mouettes sur la maison déserte
Je travaille de l’intérieur
J’attrape des saisons mortes
Je calcule l’intimité exacte
J’existe comme une liste de courses
Je remue dans le réel
L’après-midi n’en finit pas
La pluie récite Apollinaire
Le fleuve s’écoule à l’envers
Je pars à reculons dans de fausses espérances
J’embrasse des frissons
Je cultive l’immobilisme
J’esquisse des stratagèmes
J’exulte en archipels
Je cherche la mandragore
Je joue impasse noire
J’invente des empires
Je fredonne un kaddish
Les lys se tournent vers la lumière
L’horloge me salue
Il est dix-sept heures trente 7
Je résiste deux chiffres
Et une chemise propre
Et je me jette heureux et satisfait dans les bras la nuit
Demain
Je recommencerai
Peut être