Liquides par Stéphane Lambion
) il s’arrête et ramasse une orange : y enfonce les
doigts les ongles, la serre si fort qu’il la transperce,
sur sa main son bras le jus coule, arrive au creux du
coude : il l’étale jusqu’à l’épaule et sur le torse,
sur ses jambes il fait jaunâtre sa peau et de plus belle,
écrase le fruit contre son corps : une pulpe –
au soir se rince dans le fleuve (
*
) il s’y enveloppe, y flotte : frais d’eau il baigne et son
écorce de peau s’amollit : une pellicule orangée se
décolle avec la forme d’un corps qu’à la nage il suit,
comme son ombre portée par le courant il suit –
sous la pénombre s’endort (
*
) au matin
flotte dans le ciel rableui
une odeur d’agrume (