Trois dispersions par Raphaëlle Muller
1.
étant donné l'existence environ comptable
et la radio qui beugle en veux-tu en voilà
on appelait cela des réclames jadis
je me souviens des voix semblant vives alors
que non non attention tout se joue là serré
c'est en cours la partie nous dirions du tennis
où luttent sans répit balle contre raquette
mais tu parles d'un sport tandis qu'à la télé
vision une paire d'yeux nous épie à l'envers
veillant coûte que coûte à sauvegarder la
bienséance d'ailleurs notée sur l'étiquette
en rouge sur fond noir c'est un message clair
un truc impressionnant monte le son plus fort
qu'il convient de graver sur mémoire jetable
2.
étant donné l'existence environ comptable
et le ciel un peu bas sur ces toits un peu hauts
au moment d’associer le plan horizontal
avec le vertical c'est là que naît la panne
qui ne se règle pas combien de robinets
ouverts croisent des trains on revient à zéro
entends-tu ça fait comme un rayon de cristal
dans l'oreille cling cling plusieurs fois pendant qu'un
oiseau s'envole écoute oh je parle d'oiseau
ce peut être autre chose une facture d'eau
ou d'électricité l'aiguille monte d'un
tout petit cran pourtant très vite incontrôlable
dans cet agacement collectif inquiet
où se mordent au sang les damnés qui ricanent
3.
étant donné l'existence environ comptable
et le trajet approximatif circulaire
on se sera tenu pendant ces jours si bleus
à des écarts de points à des données chiffrées
jusqu'à saturation plus ou moins dans l'urgence
fort heureusement rien ne se crée ne se perd
même si les grands vents balayent les régions
du nord au sud menant à l'épuisement des
sols parce que l'humain reste loin par méfiance
de la rive avec sa tête au bout de son cou
avec en main son cordon d'alimentation
qu'il brandit haut très haut devant la mer instable
giclant à gros bouillons prenant un air curieux
il faut le reconnaître au fond peut-être fou