TUBERCULES par Audomaro Hidalgo

Les Apparitions

TUBERCULES par Audomaro Hidalgo

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TUBERCULES

 

Plonger la main dans la terre.
Plonger jusqu'à toucher la peau rugueuse de ce qui se cache : des tubercules, des tentacules
de poulpes qui habitent sous terre. Des tubercules
qui poussent comme la peur, dans le noir.
Plonger la main comme le faisait grand-père, en pleine lune,
comme il m'a appris à le faire quand il le pouvait encore, quand il en avait les forces
et y sortait des tubercules comme des tentacules de poulpes fraîchement pêchés.
Plonger la main jusqu'à pouvoir toucher les intestins comestibles de la terre,
jusqu'à l'endroit où poussent ces tubercules noirâtres,
comme des images d'un rêve, comme des pensées tordues.
Plonger la main, doucement, comme dans une blessure profonde, lointaine
comme le jour ou le grand-père m'a appris à moissonner des tubercules
et j'ai eu la révélation de la première image de la peur
lorsque je l'ai eu dans les mains, sale, nouveau-né
sans pleurs. C'était comme palper l'humidité des choses enfouies,
comme un ongle qui fait mal, comme la peur devant moi pour la première fois.
Des tubercules, des tentacules à la peau dure, arrachés aux poulpes déchirés sous terre.
Des tubercules exposés au soleil, agonisants de se savoir bientôt cuits.
Des organes crus. Des formes impures. Des idées sales de la terre.
Des bas instincts. Des fœtus allongés. Des tubercules tentacules. De la nourriture de pauvre.
Des tubercules extraits par grand-père les jours de pleine lune sur la terre.
Plonger la main.
La plonger encore plus.
Palper aveuglement la peur.
La reconnaître en tant que tubercule
La mettre sur la table.
Se nourrir de son amidon amer.

 

 

 

TUBÉRCULOS

 

Hundir la mano en la tierra.
Hundirla hasta palpar la piel áspera de lo oculto: tubérculos, tentáculos
de pulpos que habitan bajo tierra. Tubérculos
que crecen como el miedo, en lo oscuro.
Hundir la mano como lo hacía mi abuelo, en luna llena,
como me enseñó a hacerlo cuando aún podía, cuando tenía fuerza 
y extraía tubérculos como tentáculos de pulpos acabados de cazar.
Hundir la mano hasta tocar los intestinos comestibles de la tierra,
hasta donde crecen tubérculos turbios,
como imágenes del sueño, como pensamientos torcidos.
Hundir la mano, lento, como en una profunda herida, lejana
como el día en que mi abuelo me enseñó a cosechar tubérculos
y se me reveló la imagen primera del miedo,
cuando lo tuve sucio en las manos, acabado de nacer,
sin llanto. Palpar la humedad de lo que está enterrado,
como una uña que duele, como el miedo por primera vez frente a mí.
Tubérculos, tentáculos de piel dura, desprendidos de pulpos rotos bajo tierra.
Tubérculos expuestos al sol, en agonía por saberse de antemano hervidos.
Órganos crudos. Formas impuras. Ideas sucias que tiene la tierra.
Bajos instintos. Fetos alargados. Turbulentos tentáculos. Alimento del pobre.
Tubérculos extraídos por mi abuelo los días de luna llena en la tierra.
Hundir la mano.
Hundirla más.
Palpar el miedo a ciegas.
Reconocerlo como a un tubérculo.
Ponerlo sobre la mesa.
Alimentarse de su almidón amargo.

 

 

 

Le commentaire de sitaudis.fr

Poème suivi de sa version originale en espagnol.


Traduction : Sergio Avalos.