Un manque du mot massif (extrait). par Virginie Lalucq
Fifi voudrait parler à son père. Comme elle ne le peut pas, Fifi développe ses superpouvoirs et devient la supersoeur du poème - capitaine au long cours, variante roi des Cannibales à-se-pavaner-toute-la-journée-sur-son-île, si l'envie le lui prend et l'envie le lui prend de temps en temps. Comment fait-elle eh bien c'est bien simple, presque enfantin : après s'être promis de se donner une fessée si elle ne s'obéissait pas, elle s'en va chercher des choses (le monde entier est rempli de choses qui n'attendent que d'être trouvées).
- Qu'est-il vraiment possible de chercher ?
- Des pépites d'or, des rats crevés, des pétards, des vies miniscules, des clous, des négatifs, que sais-je encore, le Château-Landon ?... Tout est potentiellement cherchable. Et c'est très amusant. On verra. On déniche parfois un clou au milieu de la forêt mais on trouve toujours quelque chose. (... )
- Comment s'y prend une authentique chercheuse de choses ?
- Premièrement, la vraie chercheuse de choses commence par inventer un mot dont elle ignore le sens, cela va de soi (prenons « Spunk » par exemple) tout en cachant aux autres l'ignorance où elle est, cela va encore plus de soi (ses compagnons de jeu, par exemple. Prenons Tommy et Annika) - Deuxièmement, elle déclare la chasse au Spunk ouverte (c'est un accord tacite pas une guerre saisonnière mais d'acharnement)
- Troisièmement, elle va en ville (les choses se trouvent presque toujours à proximité des lieux d'habitation), choisit de consulter un adulte, de préférence, légèrement vaniteux (allez, va pour le confiseur, cette fois), lui demande avec panache « avez-vous des Spunks ? », attend la réponse-coup-classique-du euheuhjen'enaihumhumplus, s'en repart-ben-tanpis.- Quatrièmement, puisqu'on ne peut pas faire confiance aux adultes, elle court de gauche à droite, la main en visière, se met quelquefois à genoux et passe la main entre les barreaux des grilles ;
- Cinquièmement, elle décide de mettre fin au jeu parce que tout jeu a une fin sinon ce n'est plus drôle - pour cela, elle feint de trouver « la chose », c'est-à-dire : elle lui assigne un sens. Ainsi parmi les éventualités disponibles, la possibilité que le Spunk soit un insecte n'est pas à écarter, on peut même supposer qu'il s'agit d'une variété de coléoptère, il suffit de le désigner : « Voilà j'ai trouvé le Spunk ! ». C'est ce qu'elle fait. (... )
- Autre chose : Est-ce qu'on a vraiment le droit de ramasser tout ce qu'on trouve ?
A priori, oui. Enfin, tout ce que l'on trouve parterre. Par exemple, on peut ramasser un vieux monsieur qui dort sur la pelouse, mais tout dépend de l'utilité qu'on en a. Fifi, pense, elle, qu'on pourrait faire plein de choses de ce vieux monsieur : par exemple, on pourrait le mettre dans un clapier et lui donner du pissenlit à manger. On peut aussi procéder autrement : trouver une vieille boîte vide et rouillée et décider qu'elle fera une merveilleuse Boîte Sans Gâteaux, c'est quand même beaucoup mieux qu'une Boîte A Gâteaux !!! Mais on peut toujours se l'enfoncer sur la tête et imaginer qu'il fait nuit, c'est une autre possibilité.
- Qu'est-il vraiment possible de chercher ?
- Des pépites d'or, des rats crevés, des pétards, des vies miniscules, des clous, des négatifs, que sais-je encore, le Château-Landon ?... Tout est potentiellement cherchable. Et c'est très amusant. On verra. On déniche parfois un clou au milieu de la forêt mais on trouve toujours quelque chose. (... )
- Comment s'y prend une authentique chercheuse de choses ?
- Premièrement, la vraie chercheuse de choses commence par inventer un mot dont elle ignore le sens, cela va de soi (prenons « Spunk » par exemple) tout en cachant aux autres l'ignorance où elle est, cela va encore plus de soi (ses compagnons de jeu, par exemple. Prenons Tommy et Annika) - Deuxièmement, elle déclare la chasse au Spunk ouverte (c'est un accord tacite pas une guerre saisonnière mais d'acharnement)
- Troisièmement, elle va en ville (les choses se trouvent presque toujours à proximité des lieux d'habitation), choisit de consulter un adulte, de préférence, légèrement vaniteux (allez, va pour le confiseur, cette fois), lui demande avec panache « avez-vous des Spunks ? », attend la réponse-coup-classique-du euheuhjen'enaihumhumplus, s'en repart-ben-tanpis.- Quatrièmement, puisqu'on ne peut pas faire confiance aux adultes, elle court de gauche à droite, la main en visière, se met quelquefois à genoux et passe la main entre les barreaux des grilles ;
- Cinquièmement, elle décide de mettre fin au jeu parce que tout jeu a une fin sinon ce n'est plus drôle - pour cela, elle feint de trouver « la chose », c'est-à-dire : elle lui assigne un sens. Ainsi parmi les éventualités disponibles, la possibilité que le Spunk soit un insecte n'est pas à écarter, on peut même supposer qu'il s'agit d'une variété de coléoptère, il suffit de le désigner : « Voilà j'ai trouvé le Spunk ! ». C'est ce qu'elle fait. (... )
- Autre chose : Est-ce qu'on a vraiment le droit de ramasser tout ce qu'on trouve ?
A priori, oui. Enfin, tout ce que l'on trouve parterre. Par exemple, on peut ramasser un vieux monsieur qui dort sur la pelouse, mais tout dépend de l'utilité qu'on en a. Fifi, pense, elle, qu'on pourrait faire plein de choses de ce vieux monsieur : par exemple, on pourrait le mettre dans un clapier et lui donner du pissenlit à manger. On peut aussi procéder autrement : trouver une vieille boîte vide et rouillée et décider qu'elle fera une merveilleuse Boîte Sans Gâteaux, c'est quand même beaucoup mieux qu'une Boîte A Gâteaux !!! Mais on peut toujours se l'enfoncer sur la tête et imaginer qu'il fait nuit, c'est une autre possibilité.