Transparence VI par Maria Borio
La mer est devant. La lumière du matin se grène,
nous transforme dans les points de fuite d’une perspective inversée.
Les fruits tombent, les pensées nous traversent,
se déposent sur les os et les pensées se gonflent
en haut résistantes dans l’air de fin d’été, sphères où
les projections de beaucoup d’hommes commencent à s’échanger
en se fixant dans la lumière alors que mer et terre
refroidissent. Imprévisiblement nous pouvons devenir
froids appuyés sur des flots et des nuages froids.
Autour, l’endroit est à présent transparent.
Autour, c’est l’endroit intérieur de la peur et de la vérité.
Au milieu, les sphères des pensées sont libellules :
elles s’accouplent et les fruits tombent, disent
ce que nous sommes, comment nous nous sommes imaginés.
C’est le matin : c’est revenir l’un en face de l’autre
– être la perspective fragile et forte
pour qui nous a habités, qui nous habite.
(trad. J.-Charles Vegliante)
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Il mare è davanti. La luce della mattina si sgrana,
ci trasforma nei punti di fuga di una prospettiva rovesciata.
I frutti cadono, ci attraversano i pensieri,
si depositano sopra le ossa e i pensieri si gonfiano
in alto resistenti nell’aria di fine estate, sfere dove
le proiezioni di molti uomini iniziano a scambiarsi
fissandosi dentro la luce mentre mare e terra
raffreddano. Inaspettatamente possiamo diventare
freddi appoggiati su onde e nuvole fredde.
Intorno, il posto adesso è trasparente.
Intorno, è il posto interiore della paura e della verità.
In mezzo, le sfere dei pensieri sono libellule:
si accoppiano e i frutti cadono, dicono
cosa siamo, come ci siamo immaginati.
È mattina: è tornare l’uno di fronte all’altro
– essere la prospettiva fragile e forte
per chi ci ha abitato, chi ci abita.