Faire le mur (extrait) par Emmanuèle Jawad
pelé de Sonora que drones rasent rares parties claires d’un désert trois segments longs hauts marquent la frontière dans l’extension pans grillagés béton et acier fossés ceinturés de coyotes et serpents reprises de migrants aux abords du mur
clôture ferme l’accès sud œil continûment ouvert caméras infrarouge portées hautes saillies de miradors dans l’espace intermédiaire des points de contrôle détections thermiques et de mouvements
distances non mesurées à vue s’allongent dans le désert épuisent deux barrières parallèles surmontées d’un œil satellitaire
un mur socle l’étendue, dressé à la lisière, une frontière haute s’étend poudrée d’un ciment à peine au dépôt remué, l’écart entre les terres voisines échancre les mêmes plaines
les murs du monde sur le mur de Berlin, une éclosion photographique couvre l’épiderme grumelé du mur
on capte sous- terre des indices à Melilla au maillage si serré ferré d’un mur l’enclave
sur la côte africaine frôle aux abysses d’un ferry l’Europe
haut : entre le centre temporaire et le port : l’avenue de la Démocratie
le golf goutte à goutte de la traversée des migrants jusque là
le terrain jouxte le cimetière au pied du grillage
l’avenue conduit au continent par la mer