avec Ingeborg de Catherine Weinzaepflen
Pastichant le début d'une œuvre célèbre, l'auteure introduit elle-même son livre :
" J'ai longtemps cherché comment écrire avec Ingeborg Bachman."
Elle a réussi comme en témoigne le poème ci-dessous, que nous publions avec son autorisation et celle de l'éditeur, et le livre tout entier, profondément émouvant.
Via de Notaris
il a plu toute la nuit
la pluie tambourine sur le zinc
toute la nuit pour elle
qui ne dort pas
n’a pas fermé l’œil
les cendriers sont pleins
dans le blanc de la matinée
la confusion d’un rêve de sexe
de bijoux de chambre en attique
et la sonnerie du téléphone :
un matin de printemps
de pluie d’insomnie de
rêves mauvais
on lui apprend qu’il a disparu
« Ce n’est pas toi que j’ai perdu,
c’est le monde. »1
comme une petite fille
Ingeborg Bachmann accroupie
dans le couloir de Via de Notaris
se tord les cheveux
M’écriras-tu quelques lignes ?
demandait-il dans
sa dernière lettre
et elle n’a pas écrit
superflu entre eux
naufragés qui savent tout
l’un de l’autre, se disait-elle
se rappelle-t-elle, terrifiée
1 Extrait de « Une sorte de perte » ( Eine Art Verlust) in Toute personne qui tombe a des ailes, traduction Françoise Rétif, Editions Gallimard, p.439.