Eva Eva Eva, Anne Parian (2) par Éric Houser

Les Parutions

31 mars
2025

Eva Eva Eva, Anne Parian (2) par Éric Houser

Eva Eva Eva, Anne Parian (2)

Eva en mars
(all about Eve)

 

(dialogue imaginaire)

Moi :

Anne Parian,

j’aime beaucoup

beaucoup beaucoup

ce que vous faites.

Anne Parian :

(…)

 

Le livre a été imprimé en janvier 2025, déposé à la BnF et distribué en février de la même année, lu par « votre serviteur » en mars. D’où mon titre. Faut-il un titre ? C’est mieux. Celui d’Anne Parian a une géométrie intéressante. Un nom deux fois répété (donc énoncé trois fois), et quel nom, et en dessous un sous-titre (?) énigmatique : un livre du milieu.

 

Le livre est-il un divan d’écriture. Un divan d’analyste ? Le chiffre trois est partout : trois fois le nom, lui-même formé de trois lettres (deux voyelles et le v de voyelles) pour deux générations d’EVA, trois « parties », plus toutes les tripartitions que vous voulez, en commençant peut-être par RSI (réel symbolique imaginaire, cher à Lacan). Tout sur EVA ? Eh bien non, justement. Surtout pas tout. Quelque chose, au moins, alors. Quelque chose sur EVA (ce n’est pas un sigle, mais cela, le fait que le nom s’écrive en capitales, y fait penser). EVA, pas un sigle, un nom. Un nom propre qui n’est pas le « désignateur rigide » dont parle Saul Kripke (Naming and Necessity). Un désignateur souple, alors. Post-patriarcal ? Post-genre ? Je risque ces deux questions, car il y a dans le livre des indices de leur pertinence.

 

La partie centrale (le livre du milieu) est un conte, un conte désabusé. Il était une fois, il était trois  fois. Anne Parian, c’est la petite EVA à tête de fillette, celle qui est déçue par la disparition de la magie, et qui le dit. Quelle magie ? La magie de la nomination (nommer, faire exister), la magie de l’amour, la magie du transfert peut-être (AP est analyste). La magie de la transformation (de la société, du cours des choses, de la nature même). EVA n’est pas désabusée, elle. Elle déclare, par Anne Parian, ne pas renoncer à enquêter, à rassembler tous les indices, à trouver le pli de la pliure, la formule qui remettrait dans le temps tout à plat. Ne pas renoncer à l’enchantement. C’est émouvant, par les temps qui courent.

 

Nathalie Quintane a très bien parlé du livre d’Anne Parian. Elle s’y connaît. Je ne vais pas répéter. Lisez, ici même, son article. Je souscris 100/100. Juste un mot pour finir : le conte (c’est le livre du milieu) nous projette, avec joie, loin du compte. Celui de l’évaluation marchande, celui du Capital, celui de Trump se piquant de voler le Groenland (rien que ça !) au Danemark, autre puissance coloniale plus petite. Celui du bien méchant mari de la reine EVA, qui finit en multiples jambonneaux et en multiples nourritures. C’est ce genre d’homophonies déconstruites, entre autres choses, que j’adore dans l’œuvre d’Anne Parian.

 

 

 

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