13 mai
2003
Bine de Charles Pennequin
Avec ce petit livre à la simplicité cistercienne, l'auteur de "Bibi" délaisse pour notre plus grand plaisir la prose compacte qui lui a permis d'entrer dans une grande maison d'édition. Chacun des titres est déjà tout un poème, qu'on en juge, au sens de puits de sens autonome : "Zéro poèmes", "basta" "De ma bêche", "poème nul", "Poème imbitable". Quant aux poèmes proprement dits, ils sont constitués de vers courts, au lexique familier et souvent ramassés en strophes. Sous les apparences d'un lyrisme laforguien (humour mélancolique) relouqué à l'hexomil, Pennequin met tout son art à travailler la syntaxe et ce faisant, il dit qu'il le fait, exemple : j'ai toujours eu envie/ de toucher ce sujet/ de moi a l'avantage des produits/ frais la vie en instance/ pour me nuire . Les deux premiers vers tirent en effet leur force de leur ambiguïté (le touché du sujet) et les trois suivants font exploser les agencements habituels de la phrase pour mieux accumuler une forte charge de densité sémantique : on est davantage dans une sorte de physique du texte pensé-monté que dans la rhétorique de l'ellipse.
...
dans l'effort la syntaxe
vaine la volonté
...
Exhibition d'une âme tourmentée et généreuse, à la grossiéreté raffinée et maîtrisée, cette poésie affichée comme telle, devrait rencontrer de nombreux lecteurs.
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dans l'effort la syntaxe
vaine la volonté
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Exhibition d'une âme tourmentée et généreuse, à la grossiéreté raffinée et maîtrisée, cette poésie affichée comme telle, devrait rencontrer de nombreux lecteurs.