19 févr.
2007
Caisse claire d'Antoine Emaz
C'est une chance et ce n'est pas une chance pour le très estimable Antoine Emaz de voir la consécration de son œuvre en cours par l'entrée dans une collection de poche, en même temps qu'un livre de Paul Celan (La rose de personne , traduction trop soucieuse du seul sens de Martine Broda qui signe la post-face de cette édition bilingue) et un autre de Fernando Pessoa (Poèmes païens de deux de ses hétéronymes, Alberto Caeiro et Ricardo Reis), il tente de faufiler sa petite Fiat Uno entre les deux monstres de puissance.
Non que les contemporains qui l'ont précédé dans cette collection, (Césaire, Senghor, Jaccottet et Bernard Noël) fussent plus manifestement à la hauteur quant au contenu poétique mais leur reconnaissance (au moins par la grande édition), leur stature leur permettait de figurer dans la file sans susciter la terreur ou la rigolade.
Cette situation n'est-elle pas révélatrice d'un milieu poétique francophone si atomisé que les mécanismes de légitimation par les pairs et/ou l'Université sont définitivement enrayés ? Chaque petit maître chez soi contribue à entretenir l'illusion d'un art vivant, plein de ressources variées mais les 5 à 8000 lecteurs qui peuvent accéder à Celan n'aperçoivent pour le moment, que les maillons faibles de nombreuses chaînes qui conduisent...dans le mur.
Poésie de l'impuissance consciente, la veine d'Antoine Emaz n'échappe pas à la lucidité :
Les grands livres, de l'autre côté du mur.
Non que les contemporains qui l'ont précédé dans cette collection, (Césaire, Senghor, Jaccottet et Bernard Noël) fussent plus manifestement à la hauteur quant au contenu poétique mais leur reconnaissance (au moins par la grande édition), leur stature leur permettait de figurer dans la file sans susciter la terreur ou la rigolade.
Cette situation n'est-elle pas révélatrice d'un milieu poétique francophone si atomisé que les mécanismes de légitimation par les pairs et/ou l'Université sont définitivement enrayés ? Chaque petit maître chez soi contribue à entretenir l'illusion d'un art vivant, plein de ressources variées mais les 5 à 8000 lecteurs qui peuvent accéder à Celan n'aperçoivent pour le moment, que les maillons faibles de nombreuses chaînes qui conduisent...dans le mur.
Poésie de l'impuissance consciente, la veine d'Antoine Emaz n'échappe pas à la lucidité :
Les grands livres, de l'autre côté du mur.