Catwalk de Jean-Jacques Viton, images de La Rochegaussen
Catwalk
qui doit avoir ici le sens de passerelle
se détache sur le fond de la couverture, pas si avenante, grâce à des majuscules rouges
sans lesquelles on ne verrait que le prénom et le nom de l’écrivain, ils apparaissent en énormes caractères suivi du signe + et du nom du photographe.
On pourrait donc croire que se marque ici une prééminence, celle de l’écrivain.
Il est vrai quel les photos de La Rochegaussen, des aperçus à la dérobée de la grande ville la nuit, bordel, hôtel, église ou vidéo de surveillance, objets, fragments d'enseigne et tags, toutes ces saisies furtives seraient passées inaperçues sans les « interventions » de Jean-Jacques Viton.
Elles ont indéniablement servi de départ, de prétexte au maître d’œuvre qui les a choisies et assemblées.
Et pourtant, c’est la réussite de ce livre et donc de Viton, il n’y a pas un maître mais deux :
le lecteur-regardeur se trouve en présence d’un diptyque aux panneaux égaux, indissociables et mouvants, le texte flambe et l’image se lit, les mots illustrent et la photographie commente, des couleurs envahissent les lignes et celles-ci ordonnent les vues ou plongent en elles.
La légende et le titre de légende sont remisés dans leurs tâtonnements où l’image surplombait de son facile sommet une myriade de mots, ici l’engouement naît du plus juste alliage ; même lorsque un texte semble décrire l’évidence la plus manifeste de l’image où ne plus rien connaître d’elle, les 65 ensembles réalisent mieux que l’addition ou la somme, la subtile dialectique du lire et du voir.
Ce livre donne l’occasion à Sitaudis de présenter la prometteuse collection les Jockeys camouflés chez Bazar éditions