15 nov.
2011
Ce n'est pas un hasard de Ryoko Sekiguchi
Pour une bonne présentation de l'auteur, le mieux est de se reporter à l'excellent article en ligne (non signé)
sur le site du
Centre d'Etudes et de Recherches Comparées sur la Création.
Cela n'est toutefois plus suffisant, le 11 mars 2011, jour du séisme et du tsunami au Japon, marque pour toujours, continuera de marquer une rupture dans le parcours littéraire de Ryoko Sekiguchi.
Notons d'abord que la grande presse ne s'est pas précipitée sur ce livre qui a pourtant tout pour faire le buzz des libraires, le vécu de la catastrophe par une Japonaise vivant en France ! D'autant que la phrase est accessible à tout un chacun, l'émotion est là, la sincérité aussi, tous les ingrédients s'agitent mais mais mais voilà le HIC :
Ryoko est poète, parle beaucoup des autres poètes des deux pays (Fiat, non nommé mais reconnaissable, en prend pour son grade !), les cite, parle beaucoup de la poésie qu'elle regarde tenter de tenir contre la destruction et soulève des questions faussement ingénues et géniales, des questions qui sans doute passionnent peu les journalistes comme celle de savoir ce que les gens ont besoin de lire après une catastrophe ou ce qu'il en est des mérites respectifs du livre-papier ou de l'ordinateur portable dans un tel contexte.
Ce n'est pas tout, elle s'en prend aux représentations stéréotypées qui ont circulé dans les media sur la solidarité et la dignité des Japonais et revient justement sur la souffrance qu'on éprouve à devenir objet d'un discours dominant.
Elle interroge également la temporalité d'une catastrophe (la veille et l'après), les coïncidences que d'aucuns désignent trop vite comme l'éternelle pré-science des artistes sensibles (ni prémonition ni hasard), dans la rédaction d'une chronique qui commence le 10 mars 2011 et s'interrompt le 30 avril sur la question de l'impossible fin.
Etre dans l'intensité de l'écriture, cela doit être un bonheur pour un écrivain. Cela devrait l'être C'est la première fois que l'intensité de l'écriture n'est pas pour moi un bonheur mais une douleur que je m'impose. C'est la première fois et je regrette de devoir faire l'expérience de cette intensité-là.
La très grande force de ce livre tient dans une écriture qu'on pourrait dire charnellement atteinte bien qu'elle soit formellement normale, c'est la pensée même de l'artiste qui semble comme définitivement contaminée par la catastrophe : l'histoire, pour une fois est écrite par les vaincus.
Cela n'est toutefois plus suffisant, le 11 mars 2011, jour du séisme et du tsunami au Japon, marque pour toujours, continuera de marquer une rupture dans le parcours littéraire de Ryoko Sekiguchi.
Notons d'abord que la grande presse ne s'est pas précipitée sur ce livre qui a pourtant tout pour faire le buzz des libraires, le vécu de la catastrophe par une Japonaise vivant en France ! D'autant que la phrase est accessible à tout un chacun, l'émotion est là, la sincérité aussi, tous les ingrédients s'agitent mais mais mais voilà le HIC :
Ryoko est poète, parle beaucoup des autres poètes des deux pays (Fiat, non nommé mais reconnaissable, en prend pour son grade !), les cite, parle beaucoup de la poésie qu'elle regarde tenter de tenir contre la destruction et soulève des questions faussement ingénues et géniales, des questions qui sans doute passionnent peu les journalistes comme celle de savoir ce que les gens ont besoin de lire après une catastrophe ou ce qu'il en est des mérites respectifs du livre-papier ou de l'ordinateur portable dans un tel contexte.
Ce n'est pas tout, elle s'en prend aux représentations stéréotypées qui ont circulé dans les media sur la solidarité et la dignité des Japonais et revient justement sur la souffrance qu'on éprouve à devenir objet d'un discours dominant.
Elle interroge également la temporalité d'une catastrophe (la veille et l'après), les coïncidences que d'aucuns désignent trop vite comme l'éternelle pré-science des artistes sensibles (ni prémonition ni hasard), dans la rédaction d'une chronique qui commence le 10 mars 2011 et s'interrompt le 30 avril sur la question de l'impossible fin.
Etre dans l'intensité de l'écriture, cela doit être un bonheur pour un écrivain. Cela devrait l'être C'est la première fois que l'intensité de l'écriture n'est pas pour moi un bonheur mais une douleur que je m'impose. C'est la première fois et je regrette de devoir faire l'expérience de cette intensité-là.
La très grande force de ce livre tient dans une écriture qu'on pourrait dire charnellement atteinte bien qu'elle soit formellement normale, c'est la pensée même de l'artiste qui semble comme définitivement contaminée par la catastrophe : l'histoire, pour une fois est écrite par les vaincus.