Césarine de nuit d'Antoine Wauters par Louise Desbrusses
A l'écoute de Césarine de nuit lors de cette lecture au Centre Wallonie-Bruxelles en janvier dernier, ou plutôt après, le lendemain, j'ai repensé aux deux sœurs de Couronnes, boucliers, armures (P.O.L) et à leur mère. Qui ne savent pas user des phrases qu'il faut, qui ne les connaissent pas, ces phrases qu'il faut. Pis, qui refusent de les apprendre. Tant de livres (aussi) sont façonnés avec des phrases qu'il faut. Césarine de nuit exp(l)ose, avec une ignorance superbe et délibérée des phrases qu'il faut, les méfaits de cell/eux qui pensent que ces phrases-là qu'il faut, et ce qui va avec sont seules valables ; que les autres - les phrases qu'il ne faut pas, autant que cell/eux qui les prononcent - ma foi, il n'y a rien d'autre à faire que les tailler, les redresser. Qu'il s'agisse de Césarine et de son frère Fabien contre qui on s'acharne n'est en rien anodin, évidemment mais en "résumer l'histoire" serait un contresens. Antoine Wauters ne "raconte" pas. Il fait mieux. Beaucoup mieux. Il nous emmène au-delà du monde simpliste de l'enchaînement des faits qui se coule en un sens unique. Césarine se tient là où la musique des mots, des phrases, du texte ne peut en aucun cas être séparée de la multiplicité des sens, perception et signification mêlés.