16 oct.
2011
Contemporanéités de Gertrude Stein (et actualité)
Ce volume ne contient pas, comme le précisent dans leur introduction Jean-François Chassey, Eric Giraud et Daniel Grenier, les actes du Colloque qui s'est tenu à l'Université de Montréal les 25 et 26 septembre 2008 : "les textes ont été repris, modifiés, à la lumière des discussions riches et nombreuses" alors suscitées.
La couverture porte la marque de fabrique Giraud, poète et traducteur ; son article sur l'article chez Stein, aussi passionnant que pointu, est sans doute le plus proche de l'œuvre, le plus steinien :
L'article, si mince et discret qu'il puisse être d'un point de vue graphique et syntaxique, prend une proportion presque démesurée lorsqu'on commence à s'y intéresser en le "cherchant" dans la phrase steinienne.
Autre poète d'importance, Jacques Roubaud commence par livrer l'historique honnête de sa rencontre avec l'œuvre et ne peut s'empêcher de donner, au septième point d'un long préambule, un violent coup de patte à son meilleur ennemi, la pseudo-avant-garde française.
Christophe Marchand-Kiss avance la nécessité d'autres traductions, et non pas de re-traductions parce que le travail qui consiste à traduire Stein est toujours un travail de traduction différente ... il faut toujours revenir à Stein, non comme on revient sur ses pas, mais pour emprunter d'autres chemins.
Isabelle Alphandary interroge l'ambiguïté de l'écriture dans The Autobiography of Alice B. Toklas ; à propos de ce best seller très accessible qui a suscité pas mal de malentendus, elle écrit :
Ce que le lecteur accepte normalement comme de la prose, pourrait bien être de la poésie, à bien y regarder.
Ce à quoi elle s'emploie avec talent. Distinguons enfin le contestable mais très stimulant article d'Anne Elaine Cliche, Gertrude Stein, l'invention talmudique. Construction dans la transmission., la filiation n'est pas évidente.
La parution de ce volume tombe pile en même temps qu'une belle actualité Stein grâce à l'expo du Grand Palais.
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On peut aussi feuilleter Gertrude est Gertrude est .... un très beau livre pour enfants de Jonah Winter, superbement illustré par Calef Brown. A l'intérieur, une saloperie pédagogique incroyable, cette phrase : Tu peux aussi écrire tout et n'importe quoi, si tu es comme Gertrude .... Ce clou sans tête est enfoncé une seconde fois.
Il est difficile de croire qu'un poète et traducteur du niveau de Jacques Demarcq, respectueux donc des enfants, ait laissé imprimer pareille stupidité ... (édition rmn Grand Palais, 14 €).
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Beaucoup moins accessible et pour le même prix, L'autobiographie de Gertrude Stein du traducteur (entre autres de Robert Creeley) et poète Martin Richet, chez l'excellentissime Eric Pesty, avec en 4° ces trois lignes :
On dirait que vous n'allez jamais vous décider à écrire cette autobiographie. Savez-vous ce que je vais faire ? Je vais l'écrire pour vous.
Où l'on voit que Richet fait mieux que traduire Stein, il revient sur les chemins qu'elle aurait pu emprunter.
La couverture porte la marque de fabrique Giraud, poète et traducteur ; son article sur l'article chez Stein, aussi passionnant que pointu, est sans doute le plus proche de l'œuvre, le plus steinien :
L'article, si mince et discret qu'il puisse être d'un point de vue graphique et syntaxique, prend une proportion presque démesurée lorsqu'on commence à s'y intéresser en le "cherchant" dans la phrase steinienne.
Autre poète d'importance, Jacques Roubaud commence par livrer l'historique honnête de sa rencontre avec l'œuvre et ne peut s'empêcher de donner, au septième point d'un long préambule, un violent coup de patte à son meilleur ennemi, la pseudo-avant-garde française.
Christophe Marchand-Kiss avance la nécessité d'autres traductions, et non pas de re-traductions parce que le travail qui consiste à traduire Stein est toujours un travail de traduction différente ... il faut toujours revenir à Stein, non comme on revient sur ses pas, mais pour emprunter d'autres chemins.
Isabelle Alphandary interroge l'ambiguïté de l'écriture dans The Autobiography of Alice B. Toklas ; à propos de ce best seller très accessible qui a suscité pas mal de malentendus, elle écrit :
Ce que le lecteur accepte normalement comme de la prose, pourrait bien être de la poésie, à bien y regarder.
Ce à quoi elle s'emploie avec talent. Distinguons enfin le contestable mais très stimulant article d'Anne Elaine Cliche, Gertrude Stein, l'invention talmudique. Construction dans la transmission., la filiation n'est pas évidente.
La parution de ce volume tombe pile en même temps qu'une belle actualité Stein grâce à l'expo du Grand Palais.
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On peut aussi feuilleter Gertrude est Gertrude est .... un très beau livre pour enfants de Jonah Winter, superbement illustré par Calef Brown. A l'intérieur, une saloperie pédagogique incroyable, cette phrase : Tu peux aussi écrire tout et n'importe quoi, si tu es comme Gertrude .... Ce clou sans tête est enfoncé une seconde fois.
Il est difficile de croire qu'un poète et traducteur du niveau de Jacques Demarcq, respectueux donc des enfants, ait laissé imprimer pareille stupidité ... (édition rmn Grand Palais, 14 €).
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Beaucoup moins accessible et pour le même prix, L'autobiographie de Gertrude Stein du traducteur (entre autres de Robert Creeley) et poète Martin Richet, chez l'excellentissime Eric Pesty, avec en 4° ces trois lignes :
On dirait que vous n'allez jamais vous décider à écrire cette autobiographie. Savez-vous ce que je vais faire ? Je vais l'écrire pour vous.
Où l'on voit que Richet fait mieux que traduire Stein, il revient sur les chemins qu'elle aurait pu emprunter.