Didier Cahen, Squelêtre par Valérie Briet
On redoute toujours un peu d’affronter des squelêtres ! Et pourtant… Voici des textes réunis en un ensemble savamment rythmé, nerveux, varié, intense - mais aussi habité de figures tutélaires vraies. La tonalité, la voix, l'inflexion, sont uniques, irréductiblement affirmées, singulières, nécessaires - et à la fois hantées par d’autres qu’elles-mêmes, dans une fine et inquiète écoute, presque un qui-vive.
Celui qui parle là ne se préfère pas. C’est une éthique, qui va au cœur.
Alors le poème peut s’élancer. Il le fait sans trembler et presse les mots pour qu’ils rendent sens, tournés d’un geste vif et sûr, aux effets neufs.
Il saisit.
La seule réserve, s’il en fallait une, mais elle serait bien vénielle, et seulement d’ordre typographique, toucherait aux scories que laissent, au fil des pages, les parenthèses et les suspensions qui y abondent – ce à quoi l’on objectera que c’est là l’indécrottable leçon que le classique prétend toujours infliger au baroque.