Electron libre, une revue marocaine

Cette revue marocaine (dont les modernes initiales donnent le très oriental ...EL), a été créée par le poète et traducteur Jalal El Hakmaoui, né à Casablanca en 1965 et qui, après un passage à Paris dans les années 90, est retourné vivre au Maroc où il milite courageusement pour le dialogue entre les cultures et la liquidation des représentations stéréotypées qui font obstacle à celui-ci, risquant de nous conduire, chaque jour un peu plus, dans l'empire du PIRE. Dès la publication de son numéro 1, la qualité de son petit réseau poétique international, était manifeste et claires les intentions affirmées dans l'éditorial : pas de regroupement sur des canons esthétiques ni théoriques mais des actions concrètes en faveur de l'absolue altérité et contre l'uniformisation abêtissante ; on en retient un audacieux poème intitulé Les croates me tapent sur les nerfs du poète croate Boris Maruna et traduit du croate par Vanda Miskié. Et des poèmes d'auteurs arabophones qui, à l'image de Jalal El Hakmaoui, se veulent en rupture moderne avec la poésie orientale traditionnelle, saturée pour nous de métaphores si indigestes.
Le second numéro nous offre un dossier consacré à la poésie néerlandaise, avec l'aide de Henri Deluy, de Jan H. Mijshkin et de Pierre Galissaire.
Omar Berrada, bien connu de nous grâce à la revue Double-Change puis à son émission sur France-Culture, intègre le comité de rédaction et signe le très subtil, ô combien emblématique poème de la page 14 :

Les savates de l'archange .

Une revue dont la liberté surprend et qui mérite mieux que les habituels et condescendants encouragements dont nous, français, sommes coutumiers au sortir de l'hexagone, une revue qui mérite abonnements nombreux et soutiens de tous ordres.