06 oct.
2008
Fusées, n° 14
Numéro très politique, au sens le plus noble, réalisé non par des philosophes ou des théoriciens mais par des artistes ou avec ce qu'ils nous lèguent comme traces de leurs batailles, de leurs voyages.
Présentant son entretien avec Michel Surya à propos de la revue Lignes, Christian Prigent marque la différence, au nom de tous ceux qui n'ont pas renoncé à penser et à réinventer au fur et à mesure de ses transformations formelles le sens civique de leur travail d'invention : il questionne la place de l'art et de la Littérature, de la création dans la pratique et les sommaires de cette revue qui tant honora Bataille, Artaud, Kafka mais qui jamais poète vivant ne publia si bien qu'aujourd'hui Surya croit que les intellectuels ont disparu : il ne discerne pas l'émergence de jeunes "intellectuels" qui ont une posture radicalement différente de la sienne ni l'intensif intérêt d'ouvrages comme La Fabrique de l'impuissance de jérôme Vidal
Grâce à la traduction de Jacques Demarcq et à ses précieuses notes, Cummings en URSS en 1931, apparaît doué d'un très haut sens civique lorsqu'il voit chez ses interlocuteurs ce que tant d'autres "intellectuels" ont mis trois décennies à voir :
Si seulement il pouvait parler ! - pas anglais ou français (ou n'importe quelle langue que j'ignore) mais ce seul merveilleux langage qui peut ou ne peut s'employer selon que l'esprit est libre ou a peur.
Politiques les artistes (comme Benoît Casas, Bénédicte Hébert et Jacques Jouet etc...) ne le sont-ils pas lorsqu'ils font parler les poteaux indicateurs ? ou lorsque (comme David Michael Clarke) ils affolent les limites entre les représentations sacralisées et celles qui ne le sont pas ? ou lorsque, comme Caroline Dietzi qui substitue le bic noir à l'instantané pour saisir des objets à prises, ils écrivent que le regard s'aveugle ?
Encore plus manifestes, le bon débarras de Federman qui salue la fin du post-modernisme, le point de vue sur le net d'Onuma Nemon, les collages subversifs et les phrases joyeusement antisarkozistes de Hubert Lucot !
Mais c'est au très discret Pierre Lucerné, mort en novembre dernier, qu'il revient de clore ce feuilletage trop sys ...thématique : Fusées lui rend hommage à travers les contributions de ses amis dont Alain Borer et Valère Novarina, des reproductions d'œuvres (dont une en couverture), des Dits, des logographes et des textes inédits ; dans une lettre à Prigent, Pierre Lucerné écrit :
... je voudrais dédier mon travail à toutes les "loppes" de la terre comme disent les garçons méprisant à mon égard. Il faut bien préciser tout le mépris des mâles pour les "travaux d'aiguille " de la femme sans doute parce que d'abord "cela" mine l'effet de la queue (la queue, leurre-leurre) ... que cela débine en douce le côté roc du mâle, que cela le dépine bel et bien ...
En couturière ou en glaneuse penchée sur le sol comme le voit Novarina, Lucerné continue à recevoir toutes les lumières dont sont privés les champions de la queue bien dressée.
Présentant son entretien avec Michel Surya à propos de la revue Lignes, Christian Prigent marque la différence, au nom de tous ceux qui n'ont pas renoncé à penser et à réinventer au fur et à mesure de ses transformations formelles le sens civique de leur travail d'invention : il questionne la place de l'art et de la Littérature, de la création dans la pratique et les sommaires de cette revue qui tant honora Bataille, Artaud, Kafka mais qui jamais poète vivant ne publia si bien qu'aujourd'hui Surya croit que les intellectuels ont disparu : il ne discerne pas l'émergence de jeunes "intellectuels" qui ont une posture radicalement différente de la sienne ni l'intensif intérêt d'ouvrages comme La Fabrique de l'impuissance de jérôme Vidal
Grâce à la traduction de Jacques Demarcq et à ses précieuses notes, Cummings en URSS en 1931, apparaît doué d'un très haut sens civique lorsqu'il voit chez ses interlocuteurs ce que tant d'autres "intellectuels" ont mis trois décennies à voir :
Si seulement il pouvait parler ! - pas anglais ou français (ou n'importe quelle langue que j'ignore) mais ce seul merveilleux langage qui peut ou ne peut s'employer selon que l'esprit est libre ou a peur.
Politiques les artistes (comme Benoît Casas, Bénédicte Hébert et Jacques Jouet etc...) ne le sont-ils pas lorsqu'ils font parler les poteaux indicateurs ? ou lorsque (comme David Michael Clarke) ils affolent les limites entre les représentations sacralisées et celles qui ne le sont pas ? ou lorsque, comme Caroline Dietzi qui substitue le bic noir à l'instantané pour saisir des objets à prises, ils écrivent que le regard s'aveugle ?
Encore plus manifestes, le bon débarras de Federman qui salue la fin du post-modernisme, le point de vue sur le net d'Onuma Nemon, les collages subversifs et les phrases joyeusement antisarkozistes de Hubert Lucot !
Mais c'est au très discret Pierre Lucerné, mort en novembre dernier, qu'il revient de clore ce feuilletage trop sys ...thématique : Fusées lui rend hommage à travers les contributions de ses amis dont Alain Borer et Valère Novarina, des reproductions d'œuvres (dont une en couverture), des Dits, des logographes et des textes inédits ; dans une lettre à Prigent, Pierre Lucerné écrit :
... je voudrais dédier mon travail à toutes les "loppes" de la terre comme disent les garçons méprisant à mon égard. Il faut bien préciser tout le mépris des mâles pour les "travaux d'aiguille " de la femme sans doute parce que d'abord "cela" mine l'effet de la queue (la queue, leurre-leurre) ... que cela débine en douce le côté roc du mâle, que cela le dépine bel et bien ...
En couturière ou en glaneuse penchée sur le sol comme le voit Novarina, Lucerné continue à recevoir toutes les lumières dont sont privés les champions de la queue bien dressée.