Gift de Claude Yvroud
Des textes dont beaucoup semblent sortis d’un atelier d’écriture pour psychopathes, désopilants et graves, des textes qui ne vont ni ne font pas bien du tout,
extrait de Gift comme cadeau en anglais et poison en allemand, Gift comme une gifle au Bon goût.
(N.D.L.R.)
« On croyait à la vérité et cependant on croyait être dans un autre monde, il se trouvait que la présence du réel au lieu de la simple apparence des choses, produisait une sorte d’impression angoissée, qu’il fallait rectifier le tir et vite siffloter pour se rassurer, voire chanter à tue-tête en accélérant le pas au jugé vu qu’on ne voyait pas à deux mètres, que le bruissement du réel dans sa densité gonflait les ombres des arbres gonflés et monstrueux eux-mêmes prêts à se transformer d’ailleurs en transformation constante bien capables de se jeter sur vous au détour du chemin, le chemin un peu trop blanc qui vous éblouissait et vous empêchait de voir ce qui se tapissait très certainement dans l’ombre des arbres trop épais avec seulement le bout de leurs branches qui se balançaient légèèèèrement comme pour vous narguer horriblement.
D’un instant à l’autre ce réel allait devenir trop réel et vous alliez tomber dans ce piège qu’il vous tendait la nuit vous promenant seul
« Où sont les parents ? »
« Quand est-ce qu’on arrive ? »,
…même si, le chemin s’élargissait, qu’il y avait moins d’arbres le long et que deux espaces déserts et gris s’ouvraient à gauche et à droite sans perspective visible, ce n’était pas plus rassurant, d’ailleurs, plus ça s’ouvrait, plus le danger semblait vaste. Moins il y avait d’ombres plus l’informe envahissait, et ce gris oh ce gris… car en effet ce gris, comment nommer ce manque qui n’était pas une couleur là ou l’on en cherchait une encore plein d’habitudes diurne ou ha ha il aurait suffit le jour, de lever un œil pour se raccrocher à un vert de feuille, de lever l’autre et de se repérer tout à fait rassuré par ha ha l’azur ?
Là vous étiez vous-même gris envahi par le gris, en tout cas cette chose qui bruissait s’agitait sans se nommer, le tout très inquiétant et aux tempes le sang produisant ce son qui absorbait les autres bruits.