04 févr.
2004
Gisella de Jean-Pierre Verheggen.
Elle est Gisella pour toujours. Nom de jeune fille Fusani, épouse Verheggen, décédée en septembre dernier au terme d'un combat dont elle connaissait l'issue mais qu'elle a mené avec mieux que de la dignité, avec le désir de ne pas peser sur ceux qu'elle aimait. Lui, Jean-Pierre, le poète belge aux rires hénaurmes, l'aimait avant même de la connaître et l'aime encore aujourd'hui alors qu'elle est réduite à un tas de cendres, sa petite Cendrillon. Ils auraient dû survivre tels Philémon et Baucis, le couple dont la longévité sut attendrir les dieux.
Impossible de lire ce livre sans être bouleversé. Sans perdre son latin et tous les latins avec, enterrés. Ce n'est pas une élégie parce que le poète ne se plaint pas, il ne sombre pas dans la mélancolie, il se révolte mais sans aigreur, son rire ne disparaît pas derrière les larmes, il les surmonte et nargue la mort. Non pas grâce au magnifique orgueil d'un Don Giovanni, non, grâce à l'amour. L'amour de Gisella lui survit, c'est l'amour de la vie et des livres, l'amour d'écrire.
Aussi Verheggen publie-t-il en même temps chez Gallimard, "Du même auteur chez le même éditeur" (coll. L'Arbalète) : de nouvelles zuteries. Et zut encore à la mort, ne cesse-t-il de clamer avec une énergie comique que l'inadmissible deuil laisse intacte. Un portrait de Verheggen en lecteur fou et insolent, de Mallarmé à Charles Pennequin. Un livre sur la folie de la poésie moderne, la folie du calembour qui ne s'aidera pas. Un bestiaire dont le texte sur le lapin s'achève ainsi :
La vie vaut lapin d'être vécue, il n'y a rien à ajouter.
Impossible de lire ce livre sans être bouleversé. Sans perdre son latin et tous les latins avec, enterrés. Ce n'est pas une élégie parce que le poète ne se plaint pas, il ne sombre pas dans la mélancolie, il se révolte mais sans aigreur, son rire ne disparaît pas derrière les larmes, il les surmonte et nargue la mort. Non pas grâce au magnifique orgueil d'un Don Giovanni, non, grâce à l'amour. L'amour de Gisella lui survit, c'est l'amour de la vie et des livres, l'amour d'écrire.
Aussi Verheggen publie-t-il en même temps chez Gallimard, "Du même auteur chez le même éditeur" (coll. L'Arbalète) : de nouvelles zuteries. Et zut encore à la mort, ne cesse-t-il de clamer avec une énergie comique que l'inadmissible deuil laisse intacte. Un portrait de Verheggen en lecteur fou et insolent, de Mallarmé à Charles Pennequin. Un livre sur la folie de la poésie moderne, la folie du calembour qui ne s'aidera pas. Un bestiaire dont le texte sur le lapin s'achève ainsi :
La vie vaut lapin d'être vécue, il n'y a rien à ajouter.