05 sept.
2007
Holocauste de Charles Reznikoff
Alors que Marc Cholodenko semble faire traîner la traduction du fabuleux et mythique Testimony (à paraître depuis longtemps chez POL ! cf. le numéro 16 de la revue L'Animal ), voici le livre que Charles Reznikoff (1895-1976) a écrit avec quasiment le même procédé : des prélévements de témoignages à la source d'archives et une mise en vers impeccablement non lyriques et non romantiques. Inqualifiables.
Une gare de chemin de fer avec seulement deux quais
contre une butte de sable jaune ;
on ne devait voir aucun mort ce jour-là -
ni aucun autre jour si possible ;
en tout cas, peu de temps seulement.
Mais l'odeur de la région, même sur la route principale :
une pestilence.
On croit que l'on sait tout ce qu'il faut savoir, on a vu toutes les images et documents, la lecture continue de ces vers est pourtant insoutenable.
Les jeunes auteurs de Sitaudis n'étaient pas encore scolarisés lorsque l'édition originale de cet ouvrage est parue chez Black Sparrow (1975) et la première édition française par Dominique Bedou date de ... 1989 (!) : Jean-Paul Auxeméry a revu sa traduction pour cette édition qu'il préface.
Ce livre, grâce à l'effacement de l'auteur qui liquide l'héritage romantique, constitue une leçon pour tous ceux qui, à l'instar de Jonathan Littel, Yannick Haenel ou Spielberg, surestiment la puissance de l'artiste et, de fait, l'enfoncent ou le ridiculisent tout en ramenant l'horreur barbare au rang des motifs d'expression.
Lionel Destremeau a été bien inspiré de proposer, à la fin de ce beau volume noir, un entretien avec l'auteur publié par la revue Europe en 1977 où il répond, avec un humour, une humilité et une simplicité rares, à des questions sur sa conception de la poésie, l'objectivisme (no ideas but in things ).
Une gare de chemin de fer avec seulement deux quais
contre une butte de sable jaune ;
on ne devait voir aucun mort ce jour-là -
ni aucun autre jour si possible ;
en tout cas, peu de temps seulement.
Mais l'odeur de la région, même sur la route principale :
une pestilence.
On croit que l'on sait tout ce qu'il faut savoir, on a vu toutes les images et documents, la lecture continue de ces vers est pourtant insoutenable.
Les jeunes auteurs de Sitaudis n'étaient pas encore scolarisés lorsque l'édition originale de cet ouvrage est parue chez Black Sparrow (1975) et la première édition française par Dominique Bedou date de ... 1989 (!) : Jean-Paul Auxeméry a revu sa traduction pour cette édition qu'il préface.
Ce livre, grâce à l'effacement de l'auteur qui liquide l'héritage romantique, constitue une leçon pour tous ceux qui, à l'instar de Jonathan Littel, Yannick Haenel ou Spielberg, surestiment la puissance de l'artiste et, de fait, l'enfoncent ou le ridiculisent tout en ramenant l'horreur barbare au rang des motifs d'expression.
Lionel Destremeau a été bien inspiré de proposer, à la fin de ce beau volume noir, un entretien avec l'auteur publié par la revue Europe en 1977 où il répond, avec un humour, une humilité et une simplicité rares, à des questions sur sa conception de la poésie, l'objectivisme (no ideas but in things ).