josé tomàs de Ludovic Degroote
Merci à Ludovic Degroote et à l’éditeur, François Heusbourg, de nous autoriser à reproduire ci-dessous, la première page de ce livre extrêmement courageux.
que dire d’un homme défait de toute idée de suicide que
son immobilité volontaire placerait dans la possibilité
de sa mort ? que dire d’un homme qui calculerait cette
immobilité de sorte qu’elle soit transformée en un geste
artistique ? et que dire d’un homme qui offrirait dans
ce geste une émotion qu’il chercherait à transmettre à
ceux qui ne peuvent l’éprouver ?
on pourrait dire que c’est un fou – il ne l’est pas – ou
un illuminé – il ne l’est pas – ou un mystique – il ne
l’est pas - : ce n’est qu’un homme, comme vous et moi,
qui aime la vie, mange, boit, a une famille, des amis,
des goûts, des dégoûts, qui pense à hier ou demain, et se
prépare autant qu’il peut à ce qui deviendra le présent
nous allons tous au présent : c’est la rançon de la vie ;
mais pour un tel homme, plus que pour moi, certains présents
l’obligent à risquer ce qu’il est : ce n’est pas dans le
principe de ce risque qu’il m’éblouit, car le premier
suicidé ferait mon affaire, mais dans la conscience avec
laquelle il se risque à ce risque, or pour avoir cette
conscience, je suppose qu’il faut se débarrasser de soi
autant qu’être en soi tout entier : s’oublier pour être
pleinement soi