Journal seneca de Jerome Rothenberg
Les éditions Corti viennent de publier cette œuvre célèbre (et longtemps inaccessible au public francophone) de Jerome Rothenberg (né en 1931), écrite après un séjour de deux ans dans la réserve indienne Seneca à l’Ouest de l’État de New York.
« Je suis devenu castor » écrit le poète dans ce livre, son nouveau nom reçu des Indiens Seneca mais dans ce court extrait (publié avec l'aimable autorisation de l'éditeur), on retrouve le Baal Shem qui appartient, lui, complètement à la culture hassidique, la famille du poète ayant émigré de Pologne en 1920.
Le grand intérêt de cette œuvre n'est-il pas de mettre en jeu et rapprocher les deux idnetités menacées de disparition ?
être un castor qu’est-ce que c’est en vrai
quand j’y pense je pense
à l’eau l’eau sur un corps
tout poils
je pense aux chapeaux en poil de castor
et aux films à poil
je pense à une nouvelle naissance dans
une vie de castor
le castor dans le poème du Baal Shem
vient au monde
il est dans l’homme ce qui engendre
la queue dans les poils
cette basse intelligence qui jaillit
change ce que nous sommes
le mou qui devient
dur et le froid,
torride
langue rouge du castor dans un nid
de fourrure
par une soudaine métamorphose
le monde fluide
devient
tout ce que l’esprit peut penser
l’esprit pense
pénètre le fondement fluide fleuve
du sexe transformé
le Baal Shem quitte la lumière de la Torah
et devient
l’un ou l’autre vieil animal au sein
du bois sacré