18 mars
2006
l'os du doute de Nicole Caligaris
Pas oublier que l'homme est au cœur du dispositif.
- Un coeur de cible.
Ces répliques entre Milan et Dièse (p. 27), deux personnages du commando de cadres mis en scène par l'auteur, ce faux échange entre personnes faussées nous dit quelque chose, quelque choc qui nous fait presque regretter la langue de bois des politiques. Car depuis ...(depuis quand au fait ?!)...la "langue" du management, langue de marchands n'ayant pas reçu le fouet mais prompts à le donner, envahit toutes les entreprises, cerne et corrompt tous les corps de métier : postiers et gaziers, infirmiers et chirurgiens, travailleurs sociaux et même, on s'en souvient, un Directeur du Livre au Ministère de la Culture (heureusement promu ailleurs), tous sont désormais bien encadrés, stimulés, contrôlés, drivés avec des objectifs à atteindre sous l'égide de la nécessaire, de l'indiscutable Qualité. Tous mobilisent des ressources, élaborent des projets, définissent de bonnes pratiques professionnelles : "Si on ne le fait pas nous, ON nous les imposera de l'extérieur et ce sera pire..." disent les leaders qui amènent les grilles. Tous cherchent des noms porteurs et avalent du Bi to Bi (business to business) à la vitesse Grand Vi en se racontant les rêves nécessaires pour soutenir l'abrutissant, l'exténuant parcours du marchand marchant :
Nous sommes des artistes de haut niveau, concentrés comme des fous, cent pour cent de passion, nous donnons le plus profond de nous-mêmes ... (p. 66)
Nicole Caligaris est sans doute le premier écrivain à avoir mis au jour l'invasion triomphante de Big Brother (Bi and Bi), la puissance martiale de son rouleau vendeur qui compresse les cadres pour qu'ils pressent et oppressent encore mieux leurs subordonnés avec la conscience en paix de ceux qui conquièrent des parts de marché pour ...sauver des emplois, des vies :
MILAN à Dièse - Il s'agit de travailler notre identité de vainqueurs, vous comprenez ?
Tout le monde comprend, comprendra peut-être trop tard.
Avec ce livre, Nicole Caligaris nous offre ce qu'elle appelle une farcepeut-être parce que nous pouvons nous y voir parler dindons, c'est pas drôle.
Sans doute aussi parce que ce texte est une partition théâtrale très ouverte, qui a déjà donné lieu à une première interprétation par la Compagnie du Champ de l'Alouette.
Gageons qu'il y en aura d'autres.
Que d'autres trouveront vite dans cette œuvre de haute intelligence, le salutaire manuel de libération qu'il nous faut pour nous remettre à pensernotre rapport au travail, au service, au don.
- Un coeur de cible.
Ces répliques entre Milan et Dièse (p. 27), deux personnages du commando de cadres mis en scène par l'auteur, ce faux échange entre personnes faussées nous dit quelque chose, quelque choc qui nous fait presque regretter la langue de bois des politiques. Car depuis ...(depuis quand au fait ?!)...la "langue" du management, langue de marchands n'ayant pas reçu le fouet mais prompts à le donner, envahit toutes les entreprises, cerne et corrompt tous les corps de métier : postiers et gaziers, infirmiers et chirurgiens, travailleurs sociaux et même, on s'en souvient, un Directeur du Livre au Ministère de la Culture (heureusement promu ailleurs), tous sont désormais bien encadrés, stimulés, contrôlés, drivés avec des objectifs à atteindre sous l'égide de la nécessaire, de l'indiscutable Qualité. Tous mobilisent des ressources, élaborent des projets, définissent de bonnes pratiques professionnelles : "Si on ne le fait pas nous, ON nous les imposera de l'extérieur et ce sera pire..." disent les leaders qui amènent les grilles. Tous cherchent des noms porteurs et avalent du Bi to Bi (business to business) à la vitesse Grand Vi en se racontant les rêves nécessaires pour soutenir l'abrutissant, l'exténuant parcours du marchand marchant :
Nous sommes des artistes de haut niveau, concentrés comme des fous, cent pour cent de passion, nous donnons le plus profond de nous-mêmes ... (p. 66)
Nicole Caligaris est sans doute le premier écrivain à avoir mis au jour l'invasion triomphante de Big Brother (Bi and Bi), la puissance martiale de son rouleau vendeur qui compresse les cadres pour qu'ils pressent et oppressent encore mieux leurs subordonnés avec la conscience en paix de ceux qui conquièrent des parts de marché pour ...sauver des emplois, des vies :
MILAN à Dièse - Il s'agit de travailler notre identité de vainqueurs, vous comprenez ?
Tout le monde comprend, comprendra peut-être trop tard.
Avec ce livre, Nicole Caligaris nous offre ce qu'elle appelle une farcepeut-être parce que nous pouvons nous y voir parler dindons, c'est pas drôle.
Sans doute aussi parce que ce texte est une partition théâtrale très ouverte, qui a déjà donné lieu à une première interprétation par la Compagnie du Champ de l'Alouette.
Gageons qu'il y en aura d'autres.
Que d'autres trouveront vite dans cette œuvre de haute intelligence, le salutaire manuel de libération qu'il nous faut pour nous remettre à pensernotre rapport au travail, au service, au don.