19 mai
2002
La Littérature sans estomac
Pierre Jourde, on l'a tous connu et on l'adore, c'est le petit costaud qui n'a pas peur des grands et fonce dans le tas pour NOUS défendre!
Dans ce livre au titre trop démarqué de celui de Julien Gracq, cet universitaire grenoblois et néanmoins écrivain, (il faudra lire "Carnage de clowns" publié en 99 par L'Harmattan), s'en prend d'abord à Sollers, le "Combattant Majeur" et à son puissant réseau : citations à l'appui, il fustige la suffisance du sieur et ses multiples emprunts, il dévoile les artifices du "penseur" et fait tomber les masques de l'histrion. Sa connaissance approfondie de l'histoire littéraire récente lui permet de conclure par un saisissant rapprochement de notre "écrivain officiel" avec son proche prédécesseur du XIXème siècle, Catulle Mendès: c'est bien balancé et extrêmement réjouissant. Il s'attaque aussi, et d'aussi belle manière, à tous ceux que le cirque médiatique essaie de nous faire prendre pour des écrivains, les Christine Angot et Darrieusecq, Beigbeder, Toussaint et autres Camille Laurens...Christian Bobin y figure en "ravi de la crèche" et Pascale Roze en "zéro absolu".Emporté par une rage salutaire, Jourde cède parfois à des facilités, délaissant ses modèles (Léon Bloy), pour aligner des piques du niveau du Canard Enchaîné (ex."les prémices d'un raidissement chez un notaire tourangeau gavé au viagra").
Mais ce qui nous intéresse le plus ici et nous incite à recommander vivement d'acheter ce livre (ce que nous-mêmes avons fait dans un réflexe de soutien militant), c'est l'éreintage en règle d'Alain Veinstein, ("le modèle du poète académique contemporain") et Bernard Noël (p. 183): contraint ici d'enfreindre la règle qu'il s'est donnée de ne s'en prendre qu'aux écrivains à succès "puisque la poésie est marginalisée et n'est plus guère un enjeu de pouvoir", Jourde livre une excellente recette pour écrire ce genre de poésie rapidement et sans souffrir! Il tape fort et juste, avec la seule excuse de la passion : "Toute passion a ses fureurs. Faut-il parler de littérature en se gardant de la fureur? Si on l'admet, il faut alors aussi admettre qu'il ne s'agit plus d'amour, mais plutôt de l'affection qu'on porte au souvenir d'une vieille parente."
Dans ce livre au titre trop démarqué de celui de Julien Gracq, cet universitaire grenoblois et néanmoins écrivain, (il faudra lire "Carnage de clowns" publié en 99 par L'Harmattan), s'en prend d'abord à Sollers, le "Combattant Majeur" et à son puissant réseau : citations à l'appui, il fustige la suffisance du sieur et ses multiples emprunts, il dévoile les artifices du "penseur" et fait tomber les masques de l'histrion. Sa connaissance approfondie de l'histoire littéraire récente lui permet de conclure par un saisissant rapprochement de notre "écrivain officiel" avec son proche prédécesseur du XIXème siècle, Catulle Mendès: c'est bien balancé et extrêmement réjouissant. Il s'attaque aussi, et d'aussi belle manière, à tous ceux que le cirque médiatique essaie de nous faire prendre pour des écrivains, les Christine Angot et Darrieusecq, Beigbeder, Toussaint et autres Camille Laurens...Christian Bobin y figure en "ravi de la crèche" et Pascale Roze en "zéro absolu".Emporté par une rage salutaire, Jourde cède parfois à des facilités, délaissant ses modèles (Léon Bloy), pour aligner des piques du niveau du Canard Enchaîné (ex."les prémices d'un raidissement chez un notaire tourangeau gavé au viagra").
Mais ce qui nous intéresse le plus ici et nous incite à recommander vivement d'acheter ce livre (ce que nous-mêmes avons fait dans un réflexe de soutien militant), c'est l'éreintage en règle d'Alain Veinstein, ("le modèle du poète académique contemporain") et Bernard Noël (p. 183): contraint ici d'enfreindre la règle qu'il s'est donnée de ne s'en prendre qu'aux écrivains à succès "puisque la poésie est marginalisée et n'est plus guère un enjeu de pouvoir", Jourde livre une excellente recette pour écrire ce genre de poésie rapidement et sans souffrir! Il tape fort et juste, avec la seule excuse de la passion : "Toute passion a ses fureurs. Faut-il parler de littérature en se gardant de la fureur? Si on l'admet, il faut alors aussi admettre qu'il ne s'agit plus d'amour, mais plutôt de l'affection qu'on porte au souvenir d'une vieille parente."