07 juil.
2002
La Nasse de Laurent Grisel
Verlag im Wald
Rüdiger Fischer
Doenning 6
D 93485 Rimbach
C'est un recueil bien étrange.
On ne connaît pas son auteur, Laurent Grisel né en 1952 à Boulogne-Billancourt : il a surtout publié en Charente dont une anthologie.
On ne connaît pas non plus l'éditeur, Rüdiger Fischer : celui-ci traduit lui-même tous ses titres en français, dont "La nasse". Le catalogue des "…ditions En forêt/ Verlag Im Wald" affiche Mallarmé et Maurice Carême ou François De Cornière.
On ne connaît pas davantage Benoît Jacques qui a illustré la couverture d'une méchante nasse pour humanoïdes.
On connaît mieux en revanche Fabio Scotto et surtout Cid Corman, qui publia les premiers poèmes d'Olson et les premiers fragments du A de Louis Zukofsky. De même que la traduction de Fischer, celles de Corman et de Scotto sont publiées en regard du texte français original, à la même hauteur, sur le même plan et en caractères identiques. Si bien qu'on peut croire le recueil subventionné par la Commission de Bruxelles aux affaires européennes mais il n'en est rien. Ce n'est pas le genre de cette maison où l'on souhaite "se passer de l'…tat comme de tout autre chapeau".
L'aspect du livre lui-même est incroyablement chic et pourtant tout dans le contenu du texte, pourfend le vrai chic parisien comme les croyances de l'élite détentrice du capital symbolique.
On l'aura compris, Laurent Grisel est furieusement bourdieusien, ce qui à nos yeux n'est pas forcément un défaut. Comme Breton s'intéressa à Freud, Grisel vénère Bourdieu mais il aimerait être à la poésie ce que Hans Haacke fut aux arts plastiques. D'où une poésie qui pourrait s'inscrire dans la tradition didactique mais se contente le plus souvent d'être injonctive et déclarative. De même qu'il y a, Grisel scripsit, un
"vide fou, à combler, entre ce qui se dit/ publiquement de nos vies et ce qu'on en vit"
de même, il y a un gouffre entre cette prose souvent paraphrastique et les geste poétiques "plus pelotés et plus noués" auxquels Grisel lui-même aspire.
Néanmoins, ce recueil détonne dans la production poétique actuelle et l'on attend, au sortir de la nasse des nages un peu mieux inspirées.
Rüdiger Fischer
Doenning 6
D 93485 Rimbach
C'est un recueil bien étrange.
On ne connaît pas son auteur, Laurent Grisel né en 1952 à Boulogne-Billancourt : il a surtout publié en Charente dont une anthologie.
On ne connaît pas non plus l'éditeur, Rüdiger Fischer : celui-ci traduit lui-même tous ses titres en français, dont "La nasse". Le catalogue des "…ditions En forêt/ Verlag Im Wald" affiche Mallarmé et Maurice Carême ou François De Cornière.
On ne connaît pas davantage Benoît Jacques qui a illustré la couverture d'une méchante nasse pour humanoïdes.
On connaît mieux en revanche Fabio Scotto et surtout Cid Corman, qui publia les premiers poèmes d'Olson et les premiers fragments du A de Louis Zukofsky. De même que la traduction de Fischer, celles de Corman et de Scotto sont publiées en regard du texte français original, à la même hauteur, sur le même plan et en caractères identiques. Si bien qu'on peut croire le recueil subventionné par la Commission de Bruxelles aux affaires européennes mais il n'en est rien. Ce n'est pas le genre de cette maison où l'on souhaite "se passer de l'…tat comme de tout autre chapeau".
L'aspect du livre lui-même est incroyablement chic et pourtant tout dans le contenu du texte, pourfend le vrai chic parisien comme les croyances de l'élite détentrice du capital symbolique.
On l'aura compris, Laurent Grisel est furieusement bourdieusien, ce qui à nos yeux n'est pas forcément un défaut. Comme Breton s'intéressa à Freud, Grisel vénère Bourdieu mais il aimerait être à la poésie ce que Hans Haacke fut aux arts plastiques. D'où une poésie qui pourrait s'inscrire dans la tradition didactique mais se contente le plus souvent d'être injonctive et déclarative. De même qu'il y a, Grisel scripsit, un
"vide fou, à combler, entre ce qui se dit/ publiquement de nos vies et ce qu'on en vit"
de même, il y a un gouffre entre cette prose souvent paraphrastique et les geste poétiques "plus pelotés et plus noués" auxquels Grisel lui-même aspire.
Néanmoins, ce recueil détonne dans la production poétique actuelle et l'on attend, au sortir de la nasse des nages un peu mieux inspirées.