17 mars
2007
Le Gai Nocher de Françoise Clédat
Certaines images du mal au JT de 20 h. ou sur Internet et certain mal contemporain de l'image semblent lancer un défi à tous ceux qui n'ont pas encore renoncé au mythe, au tableau et aux belles pages blanches pleines de vers ; à ceux qui croient encore à la puissance salvatrice de l'art, à la Culture et à la possibilité de l'expérience. Quelques-uns dont Dominique Fourcade se sont chevaleresquement avancés mais, peut-être du fait d'une trop grande attention à leur propre posture, se sont à mon sens ramassés.
Françoise Clédat a plus humblement tissé sa toile contre la Toile, les écrans et les multiples écueils du risible, contre la déferlante des catastrophes. Le nocher, emprunté à une image que Böcklin a prise et reprise cinq fois, ce passeur des morts antiques lui a offert bien mieux qu'un narrateur, la passée et le réel présent de son dire. Doublure, tierce personne, ombre. Ainsi passent et passèrent également, Arthur Rimbaud, Jacques de Morgan et Emilio Salgari : croisements des genres, des temps, des œuvres, croisées malaises ; malaises errances, populaires et savantes, simples et complexes, techniques et rêveuses. Ce dispositif de voyage n'empêche pas les apparitions d'un "JE" heureusement non lyrique, non prophétique et non romantique parce que défait :
de la lutte imaginaire au réel déchu je ne dirai pas le désir
a failli la vie ne sert à rien elle tourne à vide
s'inventer soi-même n'est pas de refaire le monde mais
d'aller vers ultime avec sa petitesse
exprimer en somme ses dernières volontés
C'est sans doute cette petitesse qui autorise tous les nobles affronts de ce livre, ses explorations comme ses expiations.
L'audace du geste d'embarquement, l'authenticité du heurt et le raffinement de ses surfaces, en font le sursaut poétique que l'on croyait impossible, passé
c'est brut et nu
le terrible et l'anodin liés
ce qu'est la mort parfois
Françoise Clédat a plus humblement tissé sa toile contre la Toile, les écrans et les multiples écueils du risible, contre la déferlante des catastrophes. Le nocher, emprunté à une image que Böcklin a prise et reprise cinq fois, ce passeur des morts antiques lui a offert bien mieux qu'un narrateur, la passée et le réel présent de son dire. Doublure, tierce personne, ombre. Ainsi passent et passèrent également, Arthur Rimbaud, Jacques de Morgan et Emilio Salgari : croisements des genres, des temps, des œuvres, croisées malaises ; malaises errances, populaires et savantes, simples et complexes, techniques et rêveuses. Ce dispositif de voyage n'empêche pas les apparitions d'un "JE" heureusement non lyrique, non prophétique et non romantique parce que défait :
de la lutte imaginaire au réel déchu je ne dirai pas le désir
a failli la vie ne sert à rien elle tourne à vide
s'inventer soi-même n'est pas de refaire le monde mais
d'aller vers ultime avec sa petitesse
exprimer en somme ses dernières volontés
C'est sans doute cette petitesse qui autorise tous les nobles affronts de ce livre, ses explorations comme ses expiations.
L'audace du geste d'embarquement, l'authenticité du heurt et le raffinement de ses surfaces, en font le sursaut poétique que l'on croyait impossible, passé
c'est brut et nu
le terrible et l'anodin liés
ce qu'est la mort parfois