30 oct.
2006
marseille-postcards de Liliane Giraudon et Jean-Jacques Viton. par Amaury Bond
Ce livre sonne comme la fin d'un monde et (id est) peut-être la fin d'un certain type de livres (qui publiera marseille-postcards demain, quand tout le monde aura mis la clé sous la porte ?) et peut-être la fin d'un certain type d'échange ("poétique", donc) et peut-être la fin d'un certain type d'auteurs (ceux qui prenaient le temps d'une errance entre bribes discursives, citations, allusions, commentaires mélancoliques - si tant est que quelque phrase ici ne soit pas teintée, comme on dit, d'un spleen souvent rentré de rage, cf. les légendes en italiques des cartes postales de l'exposition coloniale). marseille-postcards passe donc sensiblement du témoignage (témoin d'une amitié, intellectuelle, avec Claude Royet-Journoud, témoin d'un amour, témoin d'une dette, envers Carl Einstein, contractée par Renoir, couverte par Pagnol, et remboursée 70 ans après par Viton et Giraudon...) au tombeau, le tombeau d'une ville qu'on aime aimer haïr, le tombeau d'une ville qui poisse, "qui doit avoir des poils sur les dents..." (citation de Walter Benjamin, en quatrième de couverture), bref, elle (se) meurt, Marseille, et l'un des derniers carrés vivants sera peut-être ce petit livre, paru en 2006, au Bleu du Ciel (éditeur à Bordeaux).