Moi la dormante, d'Anne Barbusse par Denis Hamel

Les Parutions

04 nov.
2021

Moi la dormante, d'Anne Barbusse par Denis Hamel

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Moi la dormante, d'Anne Barbusse

 

« Sheol, parfois écrit Shéol, est un terme hébraïque intraduisible, désignant le « séjour des morts », la « tombe commune de l'humanité », le puits, sans vraiment pouvoir statuer s'il s'agit ou non d'un au-delà. La Bible hébraïque le décrit comme une place sans confort, où tous, justes et criminels, rois et esclaves, pieux et impies se retrouvent après leur mort pour y demeurer dans le silence et redevenir poussière. Toutefois, il ne s'agit pas là d'un sort définitif, et certains textes mentionnent ceux qui « en sont sauvés » (Psaumes 86:13, entre autres). »

- Wikipédia

 

Le livre d’Anne Barbusse évoque le vécu des patients en hôpital psychiatrique. L’écriture très fluide coule tel un flux de conscience héraclitéen. Non pas suite de poèmes individués, mais fleuve noir, Styx dans lequel l’autrice nous invite à avancer.

 

toutes ces misères humaines échues en la
solennité de la pluie de mars dans les fleurs
il va falloir se relever dans la non-volonté
froid corps maigri
ce matin tenté de ne pas me lever
mais comme je ne voulais pas faire
comme l’autre dans l’autre lit
corps psychanalysé change-t-on les draps ce matin
qu’importe quotidienneté avançante
un moi qui avance et un moi qui ne veut plus

 

Dans ce voyage initiatique à la Dante, des figures mythiques de la Grèce antique (Ulysse, Orphée, Sisyphe …) côtoient naturellement les situations parfois tragiques et dérisoires du quotidien atrophié. La conception très pure et personnelle de l’écriture qui est celle d’Anne Barbusse échappe heureusement à tout dogme et repose avant tout sur l’intuition et la nécessité intérieure. Il s’agit de vivre avec l’autrice une expérience poignante qui prouve que l’écriture peut être autant recours face au malheur qu’outil de transformation.

 

il va falloir travailler écrire imprimer corriger
pour que les mots s’allient à la patience
et que la lecture monte avec les branches des arbres sans
feuille aucune

...

 

Les thèmes abordés ont souvent une connotation philosophique : l'enfermement, la durée, la perte, le deuil, le manque, l'altérité, la filiation, la création … et font de ce texte une déploration de la douleur se transformant en une pensée agissante, qui n’est pas sans rappeler celle de Beckett.

 

Tâcher de faire, tâcher de laisser trace – à cause de la mort.

 

Le commentaire de sitaudis.fr

Éditions Unicité 2021
188 p.
16 €


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