MON PLAN (extrait) par Maël Guesdon
Tu te feras plein d’images taillées et de représentations quelconques de ce qui n’existe ni sur ni autour de ton plan. Tu ne couperas pas en vain les fils ténus parce qu’ils ne laissent jamais tranquilles ceux qui les coupent en vain. Je ne les couperai pas, c’est promis. D’ailleurs, je trace la ligne d’arrivée derrière mon point de départ et je ne bouge plus. C’est promis. Ce n’est pas parce qu’on multiplie les grains jusqu’à ce que leur somme dépasse ce que l’on peut penser que cette somme est illimitée. Sous réserve de réciprocité, tu peux donc faire de faux témoignages et convoiter puis dérober le bœuf et l’âne des autres si ce bœuf et cet âne s’avèrent tellement gros qu’ils déséquilibrent complètement l’espace où tu te trouves, mais tu dois bien sûr accepter de te faire toi-même rouler et dérober si, à ton tour, tu déséquilibres l’espace où se trouvent ton bœuf et ton âne. Et comme tu appartiens toujours simultanément aux plans de ceux qui appartiennent à ton plan, bœufs et âne pourront, à leur tour, si cela s’avérait nécessaire, te laisser convoiter et dérober par d’autres bœufs et ânes, éventuellement devenus pierre, rivière ou forêt. De sorte que même sans bouger, on ne reste jamais tout à fait immobile. On attrape une chose par un bout, tient par ce bout la chose se repliant. L’autre versant s’éloigne sans arrêt mais il reste de temps en temps ce qui la retient.