Notes de production de David Lespiau
Depuis 2009, Contre-mur n’est plus seulement l’association qui permet à Caroline Scherb et Nicolas Tardy de promouvoir la littérature contemporaine, c’est devenu une structure éditoriale qui « contacte des auteurs afin de leur passer commande de textes inédits et autonomes publiés sous forme de posters de format A1 imprimés en noir sur papier ivoire 120 gr. »
On pense un peu à l’idée de l’affiche murale de Didier Vergnaud, transposée en chambre, de façon plus intime et humble et sans l’aide des plasticiens.
Il est possible de commander les austères posters réalisés par Lucien Suel, Éric Suchère, Éric Giraud, Chantal Neveu, Dorothée Volut, Ian Monk, Marie-Luce Ruffieux et Dominique Meens, possible aussi d’en voir sur le site in situ.
Celui de David Lespiau, publié récemment en même temps qu’un Rémi Froger, est sans nul doute l’un des plus réussis.
Dans ces notes de production, chaque lettre de l’alphabet, considérée dans l’ordre habituel, en caractère minuscule et suivie d’un point, suscite des vers libres plus ou moins disposés en une strophe (de 1 à 9 vers) qui se termine toujours par un point ; de même, en bas du poème, la signature de l’auteur est constituée de ses initiales suivies d’un point.
Entre le point qui suit la lettre et le point final, on lit une description de ce que sa forme suggère au poète, on découvre les associations qu’elle provoque, fantasques, drôles, surprenantes, ludiques et émouvantes, simples et cinglantes ou sophistiquées et longues ; nulle envie d’en citer une plus qu’une autre parce que toutes sont délectables et chaque lecteur doit les mériter.
Malgré les inévitables pliures de la page, l’ensemble séduit visuellement et David Lespiau montre que l’alphabet, d’ordinaire si mécanique et fastidieux, peut permettre d’indolentes méditations.