07 août
2007
Notre étrange prison de Patrick Beurard-Valdoye. par Thierry Clermont
En marge de son « Cycle des Exils », entamé au début des années 80, Patrick Beurard-Valdoye a composé un bref recueil centré sur la prison Saint-Léonard, à Liège. Cela n'en fait pas pour autant un opus mineur. Au contraire. Notre étrange prison vient jeter un éclairage inattendu sur les œuvres précédemment publiées, notamment La Fugue inachevée qui disait déjà l'enfermement (« La poésie serait une cellule blanchâtre... »). Ici, le « narré » tire au large vers le « composé » (au sens musical). Narré : au sens où il « exprime aussi le dit de la réclusion, sa conscience et sa mémoire ». Composé : car les voix et les lieux, évoqués dans une grande fluidité, chantent au plus près de l'oreille (« ça sent le vide en ce vlek »). On ne manquera pas d'y voir de nombreux échos à nos Mérogis et autres Montjoly de France et d'Outre-mer.
En poursuivant son « itinerrance » à travers l'Europe, celle du milieu, et en posant la question essentielle du rapport entre arts poétiques et conscience politique (la place et le rôle du poète dans la cité, en bref), Patrick Beurard-Valdoye a mis le nez là où plus personne ne va : les lieux de privation de la liberté, en représentant l'irreprésentable, n'hésitant pas à se mettre « dans la peau des lieux », y compris derrière les grilles. La poésie est chose publique.
La publication du recueil a précédé de quelques semaines la création en France d'une nouvelle fonction de « contrôleur général des prisons » et l'annonce d'un refus de toute grâce présidentielle à l'occasion du 14-Juillet.
La prison Saint-Léonard a été ouverte en 1850 pour être finalement détruite en 1982. La maison, toujours d'arrêt, de Nancy, enferme et claustre depuis 1857 (année de la première publication des Fleurs du Mal... ). En 2007, elle comptait 320 incarcérés pour 261 places...
En poursuivant son « itinerrance » à travers l'Europe, celle du milieu, et en posant la question essentielle du rapport entre arts poétiques et conscience politique (la place et le rôle du poète dans la cité, en bref), Patrick Beurard-Valdoye a mis le nez là où plus personne ne va : les lieux de privation de la liberté, en représentant l'irreprésentable, n'hésitant pas à se mettre « dans la peau des lieux », y compris derrière les grilles. La poésie est chose publique.
La publication du recueil a précédé de quelques semaines la création en France d'une nouvelle fonction de « contrôleur général des prisons » et l'annonce d'un refus de toute grâce présidentielle à l'occasion du 14-Juillet.
La prison Saint-Léonard a été ouverte en 1850 pour être finalement détruite en 1982. La maison, toujours d'arrêt, de Nancy, enferme et claustre depuis 1857 (année de la première publication des Fleurs du Mal... ). En 2007, elle comptait 320 incarcérés pour 261 places...