20 avril
2003
Opérations de LUCOT.
Hubert Lucot est connu pour avoir réalisé, dans les années 70, un livre d'une page de 12 m2 , "Le Grand Graphe", republié par les éditions Tristram en 1990.
Mais c'est chez POL qu'il publie régulièrement depuis 1980 et même s'il a commencé à publier tardivement (à l'âge de 45 ans), Hubert Lucot est un écrivain contemporain...
- parce qu'il est peu connu du grand public.
- parce qu'il est assez difficile à lire.
- parce qu'il "tourne" et lit dans le petit circuit de la Poésie Contemporaine (dont quelques "personnages" surgissent au fil des pages d'"Opérations").
- parce que son écriture est émaillée de manipulations voyantes ou discrètes : inversion fréquente de la place du sujet dans la phrase ("En fait : se termine mon livre."), suppression récurrente et rebelle du second terme de la négation ("je NE prête attention à un téléviseur") quand tant d'autres adeptes du langage dit familier ont plutôt tendance à supprimer le premier ("je prête PAS attention à un téléviseur").
- parce qu'il offre au lecteur des embryons de romans d'une phrase.
- parce que dans le livre lui-même, il est souvent question du livre en train de se fabriquer, "sensuel et tragique comme les précédents."- parce que l'auteur prend de la distance par rapport à la place qu'il occupe dans le champ de production, exemple : "Il faut que l'écrivain ait du génie pour que ses exercices désespérés présentent un peu d'intérêt."
Hubert Lucot est aussi un grand écrivain romantique, il ne dédaigne pas le frisson du grand récit (post-marxiste, il écrit "avec fureur contre la mondialisation") ni ne met en cause sa propre posture quasi hugolienne; son érudition est grande et sa maîtrise de la langue écrasante ; de plus, c'est un champion de la Relation dont la "beauté esthétique" est manifestée et louée, il aime les traits fulgurants qui relient tel rapport de tel objet à tel autre, tel souvenir, telle abstraction. Ce qui est plus moderne en revanche, c'est qu'il se saisisse en train d'effectuer ces "opérations" et qu'il nous présente ainsi des "carottes de temps pur".
Les "opérations" littéraires tentent de saisir les opérations techno-militaro-commerciales ou chirurgicales mais "l'actuel, brûlant, politique, guerrier" a parfois tendance à l'emporter (car la fureur nous emporte) sur "le présent, les passés que comporte tout instant" en ne suscitant que les réflexes attendus d'une bonne gauche armée d'un bon droit, même si, ce faisant, l'auteur s'avoue traître à sa caste d'origine.
On apprécie malgré tout le risque pris, avec ce "carnet poétique" de l'année écoulée entre l'été 2001 et l'été 2002, de penser l'événement du 11 septembre, c'est-à-dire de se déprendre du saisissement orchestré par les manipulateurs d'image.
Mais c'est chez POL qu'il publie régulièrement depuis 1980 et même s'il a commencé à publier tardivement (à l'âge de 45 ans), Hubert Lucot est un écrivain contemporain...
- parce qu'il est peu connu du grand public.
- parce qu'il est assez difficile à lire.
- parce qu'il "tourne" et lit dans le petit circuit de la Poésie Contemporaine (dont quelques "personnages" surgissent au fil des pages d'"Opérations").
- parce que son écriture est émaillée de manipulations voyantes ou discrètes : inversion fréquente de la place du sujet dans la phrase ("En fait : se termine mon livre."), suppression récurrente et rebelle du second terme de la négation ("je NE prête attention à un téléviseur") quand tant d'autres adeptes du langage dit familier ont plutôt tendance à supprimer le premier ("je prête PAS attention à un téléviseur").
- parce qu'il offre au lecteur des embryons de romans d'une phrase.
- parce que dans le livre lui-même, il est souvent question du livre en train de se fabriquer, "sensuel et tragique comme les précédents."- parce que l'auteur prend de la distance par rapport à la place qu'il occupe dans le champ de production, exemple : "Il faut que l'écrivain ait du génie pour que ses exercices désespérés présentent un peu d'intérêt."
Hubert Lucot est aussi un grand écrivain romantique, il ne dédaigne pas le frisson du grand récit (post-marxiste, il écrit "avec fureur contre la mondialisation") ni ne met en cause sa propre posture quasi hugolienne; son érudition est grande et sa maîtrise de la langue écrasante ; de plus, c'est un champion de la Relation dont la "beauté esthétique" est manifestée et louée, il aime les traits fulgurants qui relient tel rapport de tel objet à tel autre, tel souvenir, telle abstraction. Ce qui est plus moderne en revanche, c'est qu'il se saisisse en train d'effectuer ces "opérations" et qu'il nous présente ainsi des "carottes de temps pur".
Les "opérations" littéraires tentent de saisir les opérations techno-militaro-commerciales ou chirurgicales mais "l'actuel, brûlant, politique, guerrier" a parfois tendance à l'emporter (car la fureur nous emporte) sur "le présent, les passés que comporte tout instant" en ne suscitant que les réflexes attendus d'une bonne gauche armée d'un bon droit, même si, ce faisant, l'auteur s'avoue traître à sa caste d'origine.
On apprécie malgré tout le risque pris, avec ce "carnet poétique" de l'année écoulée entre l'été 2001 et l'été 2002, de penser l'événement du 11 septembre, c'est-à-dire de se déprendre du saisissement orchestré par les manipulateurs d'image.