P'tit Bonhomme de chemin, Florence Trocmé

Quelle bonne surprise et quelle merveille que ce livre dont on ne déplore qu'une chose hélas devenue trop rare, sa brièveté !
C'est le premier livre imprimé de la concurrente loyale, Florence Trocmé, créatrice et animatrice de Poezibao depuis 2004.
Il célèbre un livre méconnu, au point qu'on ne le trouve plus qu'en numérique ou à des prix prohibitifs, d'un auteur pourtant très connu, Jules Verne.
P'tit-Bonhomme est le titre et le nom du héros d'un roman qui détonne dans l'œuvre, bien plus proche de celle de Dickens que de celle de l'auteur de Vingt mille lieues sous les mers.
Et Florence Trocmé a entrepris le projet sensé d'en réécrire l'histoire en vers justifiés, ce qui serait déjà magnifique mais ça ne lui suffit pas et, sans jamais nous lasser, elle en profite pour insérer entre chaque passage versifié, des échos et des associations qui sont celles d'une grande lectrice, c'est-à-dire de quelqu'un qui peut à la fois être savant, tout gorgé d'autres livres et empli de la candeur d'un enfant émerveillé ainsi que de la sollicitude d'une mère aimante ; avec un questionnement toujours bienvenu :

 ................................ ... tu n'as même pas de
nom. Est-ce pour cela que tu me parles tant ?

Au détour d'un vers, on découvre un clin d'œil amusé aux lecteurs interpellés comme complices, ici par exemple en référence à Baudelaire :

... Adieu luxe, calme et veloutés de lé-
Gumes.

Beaucoup de notes érudites émaillent le texte, dès l'exergue pour la première et jusqu'à la page 39 pour la dernière, les 11 dernières pages n'en comportent plus comme s'il s'agissait de manifester la nécessité d'un emballement final.
On apprendra donc énormément au sujet de l'Irlande, le pays où se déroule l'action du roman mais aussi sur les famines dans le monde et bien sûr, à propos de la première édition de l'ouvrage, de son éditeur et de son illustrateur.
Alors le titre du livre fonctionne presque comme antiphrase dans la mesure où les plus grands chemins se multiplient pour le lecteur à l'infini.
Et c'est à la page 38 qu'on trouvera, dans une suite de dix vers justifiés, la justification de tout le livre  et de toute l'infatigable activité de Florence Tromé, cela commence par

.........................................Lire, c'est faire
résonner ...