Revue art-matin n° 7, Germain Nouveau
La pauvreté est aujourd’hui punie de prison en Europe, pauvre malheureuse Europe.
Lucien Suel, dans sa contribution intitulée Voyage temporel du nord au sud, cite cette phrase de Germain Nouveau qui nous permet de mesurer les progrès accomplis dans l’idéal depuis 1892 : de nos jours, c’est le voyage d’un pays pauvre vers un pays riche qui est passible de mort au large de Lampedusa et c’est en France que la police arrête des enfants pour les expulser.
Grâce au dynamique tandem de Claudie Lenzi et Eric Blanco, un nouvel hommage est rendu à l’auteur de La Doctrine de l’Amour, né à Pourrières en1851 et mort dans ce même village varois en 1920 : célébré jadis par Breton et Aragon, il semble connu aujourd’hui des seuls poètes et de quelques lettrés. Ce numéro de la revue art-matin assez pauvre en moyens et humble, bien à l’image d’Humilis (un des dix-huit pseudonymes répertoriés de G.N.), présente une sorte de bilan des manifestations organisées de 2002 à 2008, Nouveau (x) Poète (s).
Ce pourrait être un de ces dossiers dont les élus sont si friands, un compte rendu dû aux subventionneurs, c’est une passionnante quête sur les traces de ce compagnon de Rimbaud qui se mêle de vent ; et ça se lit avec bonheur, comme rarement une revue, de la première à la dernière ligne parce que l’œuvre de Germain Nouveau a suscité un foisonnement de gestes et d’actions, d’aventures, d’errances, d’images, de paroles et de débats vivants. D’éclats (on croit entendre la voix de Julien Blaine interrompant Francis Combes !) et d’énigmes.
On n’oubliera pas que de Pourrières à Pourrières, le chemin a été long et fécond, il a conduit Eric Blanco au Liban d’où il ramène un singulier roman photo.
Originaire de ce même pays, Ezza Agha Malak offre sa contribution au colloque d’avril 2002 à l’Université de Saïda, Mysticisme et soufisme où elle opère un pertinent rapprochement entre la poésie de Nouveau et celle de Jalal El-Dine Roumi.
Véronique Vassiliou démontre que le poète ne peut être circonscrit et Jean-Jacques Viton réussit son approche, accomplissant une manière de poursuite sur des mailles de plus en plus lâches.
Liliane Giraudon, qui a le mot du début en 2002, aura dans cet article celui de la fin (qu’elle relie à la soif plus que son homophone faim) en s’adressant ainsi à Nouveau :
Michel de Certeau donne une définition du mystique qui te convient parfaitement :
« Est mystique celui ou celle qui ne peut s’arrêter de marcher et qui, avec la certitude de ce qui lui manque, sait de chaque lieu et de chaque objet que ce n’est pas ça, qu’on ne peut résider ici ni se contenter de cela. »
Attention, ce numéro sera rapidement épuisé.