Revue "Parages"

On découvre, grâce au Web, la revue des normaliens de la rue d'Ulm à son sixième numéro. Passons vite sur les "illustrations" : hormis les petites vignettes de Sandrine Lyonnard, la plupart des photos et des dessins relèvent de "l'esthétique" en vogue depuis les années 60 chez les boutiquiers de St Paul de Vence. Il en va de même pour les "poèmes" et c'est d'autant plus gênant qu'à la suite de Henri Meschonnic, "les poètaillons nationaux" semblent jouir de la même considération que le "bouffon" Espitallier ; en effet, dans un article consacré à "Célébration de la poésie", Charles Stépanoff ("Saint-Pétersbourg" entre parenthèses?!) démontre, en sus d'une très compréhensible envie de rébellion contre ses profs, sa méconnaissance morveuse des poètes francophones aujourd'hui publiés : il écrit de la même façon que Meschonnic, (faute pourtant relevée par Kéchichian dans sa critique du livre : on ne lit plus Le Monde en khâgne?!), le nom de Philippe Beck (= Becq)! Bref, on n'aurait sans doute pas parlé de cette revue si n'y figurait un excellent article polémique sur la commémoration de Hugo, ("Hugo is a bad man" de Armand Erchadi, le directeur de la rédaction) et par dessus tout des textes en prose remarquables de maîtrise, d'habileté et de maturité : ne pas manquer "Nathaniel" de Frédéric Auzende mais aussi "Le cochon mélomane" de Dimitri Soenen, "Liquidation" de Pierre Vandermeersch et "Darling" de Klein (ce pseudo cacherait-il Erchadi?!). Quand tant de revues aujourd'hui se contentent de publier des textes, souvent moins bons que ceux-là, tout en évitant de prendre position dans les débats cruciaux, surmontons nos aversions pour fréquenter ces si prometteurs parages!