10 oct.
2010
Vingt-deux lignes / cahier 100 de Bernard Collin
Ce livre de Bernard Collin n'est pas le premier livre de Bernard Collin. Pourtant c'est le premier qui paraisse parmi cent autres qui existent, écrits chaque jour mais non publiés. Le premier est le centième. Ceci n'est pas un journal, ni un roman, ni un poème. Mais il y a de ça dans ce premier livre cent, il y a de ça, à plus d'un titre.
C'est ainsi, de la façon la plus exacte, que Pierre Vilar présente le livre au début de sa postface.
Par la suite, il tente de cerner l'énigme de cette écriture, apparemment opaque et pourtant si prenante : il faut bien sûr prendre le temps pour que le temps de ces phrases discontinues vous prenne à son tour. 22 lignes d'un cahier semblent constituer un espace quotidiennement semblable à lui-même, compact, presque un piège contraignant, il est cependant balayé par des souffles de liberté qui vous gagnent ; par la grâce d'une syntaxe limpide, hors limites, les 1ère, 2ème ou 3 ème personnes se succèdent sans que l'on s'y perde, elles font vibrer des extraits de conversation (pas d'exemple qu'une conversation ait dépassé la longueur d'une ligne de droit à gauche dans le cahier) ou de récit, des apparitions récurrentes telles MargÛ, des voix en éclats qui semblent joindre comme dans l'une des plus belles nouvelles de Carver, l'ivresse de l'alcool et celle des prières.
L'attention à la langue ou à des grains de raisin, le souci étymologique et celui d'attacher les cheveux font retour sans être permutables, au fil d'une écriture à la fois équanime et déchaînée
propre à la méditation comme elle EN vient.
Qu'il s'agisse de l'émission ou de la réception, une même joie menace, celle de l'écoute de Dieu et de la conversation avec lui ; soit dit de façon plus acceptable par les contemporains : un intense savoir de l'amour et de l'amitié.Reconnu il y a longtemps par Henri Michaux et Louis-René Desforêts, Bernard Collin a commencé à travailler les lignes avant que les générations suivantes se laissent fasciner par une seule ; avant les tentations de retour, lisons le avec attention (cf Weil : l'attention absolument sans mélange ...), amour et amitié :
Il est juste d'expliquer qu'un individu répète, l'activité d'une personne est de répéter infiniment surveille ton langage etc., répéter et s'endormir, qu'il n'y a aucune raison de ne pas répéter, votre voisin fait du bruit parce qu'il donne une fête, et vous n'avez pas envie de vous amuser, il y a des heures pour la fête, il n'y a pas de raison suffisante pour interrompre la fête, nous sommes jeunes et en bonne santé, ne dormez pas cette nuit, il faut vite, et sur la répétition dit que c'est un mensonge, pourquoi être désagréable, c'est la première fois, vas-y vite, mais vous parlez sérieusement, sévèrement, vous savez bien que c'est toujours cette formule qui prend tous les sens, et qui fait très joli, et qui va où la beauté, donc la beauté n'est pas loin ...
C'est ainsi, de la façon la plus exacte, que Pierre Vilar présente le livre au début de sa postface.
Par la suite, il tente de cerner l'énigme de cette écriture, apparemment opaque et pourtant si prenante : il faut bien sûr prendre le temps pour que le temps de ces phrases discontinues vous prenne à son tour. 22 lignes d'un cahier semblent constituer un espace quotidiennement semblable à lui-même, compact, presque un piège contraignant, il est cependant balayé par des souffles de liberté qui vous gagnent ; par la grâce d'une syntaxe limpide, hors limites, les 1ère, 2ème ou 3 ème personnes se succèdent sans que l'on s'y perde, elles font vibrer des extraits de conversation (pas d'exemple qu'une conversation ait dépassé la longueur d'une ligne de droit à gauche dans le cahier) ou de récit, des apparitions récurrentes telles MargÛ, des voix en éclats qui semblent joindre comme dans l'une des plus belles nouvelles de Carver, l'ivresse de l'alcool et celle des prières.
L'attention à la langue ou à des grains de raisin, le souci étymologique et celui d'attacher les cheveux font retour sans être permutables, au fil d'une écriture à la fois équanime et déchaînée
propre à la méditation comme elle EN vient.
Qu'il s'agisse de l'émission ou de la réception, une même joie menace, celle de l'écoute de Dieu et de la conversation avec lui ; soit dit de façon plus acceptable par les contemporains : un intense savoir de l'amour et de l'amitié.Reconnu il y a longtemps par Henri Michaux et Louis-René Desforêts, Bernard Collin a commencé à travailler les lignes avant que les générations suivantes se laissent fasciner par une seule ; avant les tentations de retour, lisons le avec attention (cf Weil : l'attention absolument sans mélange ...), amour et amitié :
Il est juste d'expliquer qu'un individu répète, l'activité d'une personne est de répéter infiniment surveille ton langage etc., répéter et s'endormir, qu'il n'y a aucune raison de ne pas répéter, votre voisin fait du bruit parce qu'il donne une fête, et vous n'avez pas envie de vous amuser, il y a des heures pour la fête, il n'y a pas de raison suffisante pour interrompre la fête, nous sommes jeunes et en bonne santé, ne dormez pas cette nuit, il faut vite, et sur la répétition dit que c'est un mensonge, pourquoi être désagréable, c'est la première fois, vas-y vite, mais vous parlez sérieusement, sévèrement, vous savez bien que c'est toujours cette formule qui prend tous les sens, et qui fait très joli, et qui va où la beauté, donc la beauté n'est pas loin ...