Concorde par Ariel Spiegler
À force de nœuds aux mains
une espagnole ne sait pas bien
si elle est jeune ou nonne ou vieille.
On la voit taper toutes les heures
sa tête contre un vide comme un coucou
avec acharnement et parcimonie.
Elle avait des promesses et des souvenirs
mais dans les rues quand elle saccade
sa compulsion aux hurlements,
c’est rien tout rond qui lui répond :
terrasses de chaises empilées,
inconnus plein les cafés,
profils éparpillés des autobus
vers une place encore solide ! Concorde !
Et la voilà qui vous mâchonne
en croyant qu'être hirsute suffirait
à vous frapper du Liszt :
« Adieu, trou noir,
appel à l’insurrection du prisonnier,
bras tendus à l’embarcadère des objets cassés,
âge adulte, raison.
Adieu quelqu’un,
adieu soleil. »