Poussière, Piano, Parquet d'Émilien Chesnot par David Bonnand

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22 févr.
2025

Poussière, Piano, Parquet d'Émilien Chesnot par David Bonnand

Poussière, Piano, Parquet d'Émilien Chesnot

1. Un nom propre s'écrit avec une majuscule.

2. Le titre est le nom propre du livre, écrit Jacques Roubaud dans un livre qui a pour titre "Mathématique :".

3. Ici trois mots et autant de majuscules. Et deux virgules. Et la même initiale pour les trois mots du titre.

4. Poussière, Piano, Parquet

5. Poussière, Piano, Parquet désignent donc ici (parce que cette initiale en majuscule) des entités uniques.

6. Nous n'avons pas affaire à n'importe quel piano et le parquet est "un vieux parquet de chêne".  

7. Trois mots comme on note tout de suite à la sortie d'un rêve ce qui permettra peut-être plus tard, après coup, de retrouver des éléments de ce rêve. Agir vite, c'est à dire noter vite avant que ne s'éloigne la scène.

8. Quelqu'un.e raconte une histoire, relate une expérience vécue, "vais tenter de relater". Ce quelqu'un.e écrit je. Et l'on ira chercher la définition du mot pétrification.

9. Les noms propres au contraire des noms communs désignent non pas des concepts ou des objets de pensée mais bien des référents uniques.

10. Nous n'avons donc pas affaire à n'importe quelle poussière.

11. "Je dois écrire, car écrire est survivre à la pétrification du je."

12. Sept pages et vingt-quatre paragraphes. Tout se joue pour les trois mots du titre aux paragraphes huit et neuf. Ils n'apparaîtront plus ensuite.

13. Pétrification : transformation en pierre - état d'immobilité totale - fait de figer dans un état donné.

14. Ou encore s'éloigner du moi jusqu'au verbe dissoudre pour qu'une scène se présente.

15. Il y aura deux scènes ou deux images "propres à modéliser mon état intérieur". 

16. Ou encore : "Le langage prend le relais du moi. C'est à lui, désormais, que revient la charge d'organiser le monde intérieur et le monde extérieur. La prise de pouvoir du langage en tant que tel a pour première conséquence l'effacement de la distinction entre intérieur et extérieur, depuis longtemps menacée."

 

17. Dans la première scène, il y a poussière parce qu'un piano s'écrase "d'une hauteur indéterminée" sur un vieux parquet de chêne. Poussière résulte du verbe écraser entre Piano et Parquet. Un deuxième verbe, contraire au premier mais toujours lié à Poussière, propose exactement en sens inverse et au ralenti le même mouvement : soulever.

18. "mais on n'entend rien."

19. Dans la deuxième scène, il y a poussière parce que « je me vois marcher dans la rue - tandis que je marche effectivement - je me dissocie de mon corps, afin d'en contempler l'image - (...) On me voit comme on voit la poussière voler dans le halo lumineux autour du piano détruit. »

20. Peut-être écrire serait survivre à soi comme piano détruit. Il faudra en tout cas "inventer des solutions à mesure que l'enfer se déchaîne."

21. Le mot conscience apparaît dans le texte six fois. Le mot corps, sept fois.

22. « J’avais simplement prévu la chose suivante – qui, elle, est intacte – pour expliquer mon état d’alors, la voici : « les forces qui maintenaient unis le moi, la conscience, l’image psychique du corps, n’agissent plus. Ainsi, tout vacille, tout s’écarte et s’éclate. » est le premier paragraphe.

23. Un compte-rendu suivra et c'est lui que nous lisons.

24. Dire je est une solidarité est une nouvelle collection dont Luc Bénazet est l’éditeur et Poussière, Piano, Parquet d’Emilien Chesnot en est le premier titre. Il y a sur la couverture un dessin de Lou Menut. Si vous êtes abonné.e à la revue niqui causse (Eric Pesty éditeur) vous recevrez par voie postale ce livre.

 

Le commentaire de sitaudis.fr

Collection "Dire je est une solidarité" (Luc Bénazet)
16 p.
5 €

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