La vie volatile, extrait par Jacques Demarcq
Est-ce le refus, la peur de la poésie qui motive la dérision, ou l'inverse : une banale impuissance (un manque de testostérone!) qui se vengerait sur la poésie («texte austère d'homme»)? Les deux sans doute, entre autres déraisons. Avant Les Zozios, au début des années 1980, j'en étais à recomposer, sous le titre Avant-taire, des souvenirs de la courte période (de 12à 18ans) où j'ai vécu chez mes géniteurs et où la révolte a progressivement grossi en moi : contre eux bien sûr, mais plus définitivement contre l'ordre social et son lien-guistique. Les Zozios ont mis fin à ces épanchements de coups tordus, substituant le rire au ressentiment.
Le poète, au sens noble genre Perse ou Du Bouchet, a un lexique riche, varié, choisi. Anch'io son' poeta, et tous mes efforts visent à accroître le vocabulaire. Sauf que je pars de quelques syllabes maladroitement imitées d'oiseaux, ce qui raréfie, étouffe, étrangle le lexique à ma disposition. Les joueurs de scrabble pour- raient sûrement le confirmer, ou les sociologues par l'observation de leurs cobayes des banlieues : lorsqu'on a peu de vocabulaire, avec une syntaxe limitée, la tendance la plus forte va toujours aux grossièretés, à la caricature. Quand cet encanaillement est une fête, ça s'appelle le carnaval. Toute ma démarche vise à raffiner le mardi-gras, savantiser le populaire, que ça s'aile... itise - doit y avoir du Baudelaire là-dessous, à chercher de l'or dans la boue. Autrement dit étendre les possibilités offertes par le jeu de syllabes choisi, et élever le niveau en écartant le plus facile. Reste que le carnaval donne le ton, et que les personnages ne sont que marionnettes à plumes, différemment mais ni plus ni moins que l'archéoptère d'Ubu cocu. En bref et simple, tel est le parti pris des Zozios. Nul n'est forcé de le partager, mais il faut l'admettre si on veut me lire.
Le poète, au sens noble genre Perse ou Du Bouchet, a un lexique riche, varié, choisi. Anch'io son' poeta, et tous mes efforts visent à accroître le vocabulaire. Sauf que je pars de quelques syllabes maladroitement imitées d'oiseaux, ce qui raréfie, étouffe, étrangle le lexique à ma disposition. Les joueurs de scrabble pour- raient sûrement le confirmer, ou les sociologues par l'observation de leurs cobayes des banlieues : lorsqu'on a peu de vocabulaire, avec une syntaxe limitée, la tendance la plus forte va toujours aux grossièretés, à la caricature. Quand cet encanaillement est une fête, ça s'appelle le carnaval. Toute ma démarche vise à raffiner le mardi-gras, savantiser le populaire, que ça s'aile... itise - doit y avoir du Baudelaire là-dessous, à chercher de l'or dans la boue. Autrement dit étendre les possibilités offertes par le jeu de syllabes choisi, et élever le niveau en écartant le plus facile. Reste que le carnaval donne le ton, et que les personnages ne sont que marionnettes à plumes, différemment mais ni plus ni moins que l'archéoptère d'Ubu cocu. En bref et simple, tel est le parti pris des Zozios. Nul n'est forcé de le partager, mais il faut l'admettre si on veut me lire.