09 nov.
2002
C'est fini...par N. Tardy par Nicolas Tardy
C'EST FINI LE TEMPS DES POTES, AUJOURD'HUI JE MORDS.
Sitaudis est le lieu, depuis un certain temps déjà, d'une campagne de dénigrement, quasi systématique, d'une "chose" aux contours flous qui aurait pour nom : micro édition. J'ai beau retourner cette "excitation" (Sitaudis se veut un lieu d'excitations) sous tous les angles, je n'en comprends toujours pas le sens.
Je lis dans l'article nommé "On a mal noté" : Le choix par l'auteur de « Saint-Tropez », (enfin un peu soutenue par de « grands » media), de publier son dernier texte dans une édition (Contre-Pied) un peu trop cheap à notre goût : forme d'auto édition déguisée et fabriquée surtout pour obtenir des renvois d'ascenseurs, ce genre de pratiques (alors que circulent déjà trop de textes) ne mérite aucun soutien.
Je me gratte la tête. Je pense à tellement de noms : Claude Royet-Journoud, Fluxus, Jean-Marc Baillieu, Dada, Julien Blaine, les Lettristes, Franco Beltrametti, Angeline Neveu, les Situationnistes, Lucien Suel, Présence Panchounette, l'Art Conceptuel... qui ont eu recours à la photocopie, à la micro édition et ont laissé, me semble-t-il quelques traces durables. Je me gratte la tête... il faut que je morde.
Pourquoi Nathalie Quintane devrait-elle se priver de publier chez un ami, l'un de ses premiers éditeurs, hors du giron de P.O.L. ? Une fois "starisée" on devrait oublier ceux qui ont été les premiers à saluer, à remarquer, la qualité d'un travail ? Le cheap photocopié de Contre-Pied me laisse le plaisir du texte, à l'inverse du chic glacé de Fusée. …crin fait écran.
Passage à l'acte. J'aime cette idée - je l'ai pratiquée, la pratique moi-même - du DO IT. DO IT la meilleure idée des hippies, boostée par les punks. La poésie manque de punks, de vrais punks, des sauvages. À vos photocopieurs. Prêts ? Créez ! …ditez ! Et que le web soit avec vous !On confond souvent auto-édition et édition à compte d'auteur. Cette dernière évite soigneusement le cheap, elle est dans l'imitation. Avec Contre-pied, pas de faux-semblants. Il s'agit ici d'une structure associative avec un comité de lecture (Olivier Domerg, Emmanuelle Bayamack-Tam, Jean-Marie Gleize) qui investit un peu d'argent et surtout beaucoup de temps et d'énergie à présenter des textes d'auteurs dont ils apprécient le travail.
Ma première publication (hors revue) à été Comment j'ai découpé certains de mes poèmes, publié aux …ditions Contre-Pied. Petit tirage de 150 exemplaires entièrement épuisé. Est-ce qu'une publication type offset chez un "gros" éditeur aurait eu pour résultat 150 exemplaires en circulation, 150 lecteurs pour un auteur alors complètement inconnu, y compris, à l'époque, de l'éditeur de Contre-pied (Quintane était dans le même cas) ? J'en doute. J'en doute fortement. Aujourd'hui c'est différent, je suis une star, j'écris sur le net.
Les renvois d'ascenseurs ? Parce-que quelqu'un (par exemple Olivier Domerg) qui écrit - qui écrit avant tout - et édite également des petits livres photocopiés, publie, par exemple Jean-Paul Chague. Pourquoi ce même Olivier Domerg ne pourrait-il publier dans la revue Hi.e.ms dont Jean-Paul Chague est un des membres du comité de rédaction ? Avoir une réciprocité d'intérêt pour le travail de l'autre serait impossible ? Que voir alors dans la présence d'ex-TXT dans Sitaudis dirigé par un ex-TXT ?
Les renvois d'ascenseurs (2) ? Je ris. Je ris parce que je connais des noms. Les noms nombreux de ceux qui inondent Contre-Pied de manuscrits et autres lettres insistantes pour être publié dans sa collection cheap. Les plus insistants n'étant pas forcément les plus démunis d'éditeurs. S'il cédait à cela, ce ne serait plus des renvois d'ascenseurs, mais de monte-charges ! Aujourd'hui Contre-Pied publie un deuxième texte d'auteurs déjà publiés il y a quelques années : Quintane, Meens, Tardy (des auteurs que l'on trouve sur Sitaudis, c'est dire si son goût est sûr !), afin de confirmer des choix et de faire découvrir de nouvelles facettes de ces auteurs.
Prenons dans cette dernière liste, Meens. Dominique Meens. Aujourd'hui je dors III de Dominique Meens. Un très grand livre. Un très grand livre qui ne serait ni plus ni moins grand livre chez Al Dante, Gallimard ou P.O.L.. Encore faudrait-il que ces éditeurs aient les couilles (j'aurai pu écrire courage, mais cela reflète moins ma pensée énervée) de publier un auteur qui pisse dans la soupe (froide ?) poétique. On demande à voir.
Pour rester dans le photocopié... Meens confond dans Le tri, n'est-ce pas... - volontairement ? - édition photocopiée/micro édition et pub. Pourtant tout le monde fait la différence (non ?), l'édition photocopiée/micro édition sert à faire circuler des textes, la pub sert à faire des cut-up.
Des textes circulent à nous de les attraper au vol. Des textes bons ou mauvais. Des textes bons ou mauvais circulent à nous de capter ceux qui nous conviennent, ceux dont nous avons besoin. Il n'y a jamais trop de textes qui circulent. Qui circulent où ? Je te lis, tu me lis et tous on écrit ? On notera que les livres de Contre-Pied sont lus notamment par des gens qui ne sont ni poètes, ni écrivains, mais par un public conquis par un travail sur le terrain (présentations, lectures publiques avec recours ou non à des lieux institutionnels) par un travail militant qui donne accès à des écritures dites difficiles.
Passons dans la cour des grands. Dans la cour des grands, on connaît d'autres papiers que le papier machine. Dans la cour des grands, on a - de moins en moins - des machines offsets, on a des tireuses numériques. Dites-moi alors ce qui distingue la petite, la moyenne, la grosse, la très grosse édition ? À quel moment on bascule d'une catégorie dans l'autre ? La très grosse édition est assez simple à cerner, elle publie exclusivement de la merde. Pensées profondes de navigateurs et autres sportifs, souvenirs d'enfance d'une miss gros lolos - attention, je n'ai rien contre les gros lolos - tout juste relâchée d'un appartement sous surveillance. À côté de cela, tout ce que j'ai dans ma bibliothèque doit pouvoir s'apparenter en termes d'exemplaires diffusés, à de la micro édition. Tout le reste est littérature ?
Autre pique de Sitaudis, une pique imprécise, envers VOIXéditions, lors d'un commentaire sur …crans, livre de Charles Pennequin. Pour moi, Richard Meïer (VOIXéditions) joue dans la cour des grands. On ne joue jamais assez, assez passionnément. Il a en lui le plaisir de faire des livres, de la rencontre avec des auteurs, des artistes. Cela se sent dès qu'on le rencontre, je l'ai rencontré. Je tiens à préciser ici (ça, c'est le double effet paranoïaque de Sitaudis), afin qu'on ne voit pas un vulgaire numéro de lèche dans les quelques lignes précédentes, que je vais publier chez VOIXéditions. J'en suis ravi car il publie également des auteurs dont j'apprécie le travail (Vassiliou, Blaine, Suel, Lucot, Bobillot, Suchère...). Il publie également des auteurs qui ne m'intéressent pas comme Pennequin dont je relis toujours les mêmes schémas (marque de fabrique). Il n'est pas le seul dans ce cas, le marché veut qu'on puisse être rapidement identifié (règne de l'héraldique, disait déjà Raymond Hains... dans les années 60), c'est un peu hors sujet, mais que voulez-vous aujourd'hui je mords. Venu des arts plastiques (comme praticien), Richard Meïer a un sens plastique de l'objet livre, ce que je nommerais une intelligence du livre. Cette chose est assez rare chez un éditeur, pour être soulignée. Cette chose n'est pas toujours présente chez les auteurs (je mords encore), même ceux qui écrivent de bons textes.
Effectivement un des problèmes pour VOIXéditions (mais également pour Contre-Pied et beaucoup d'autres) est la diffusion. Il ne faudrait peut-être pas oublier que l'on a affaire ici à des individus qui œuvrent seuls et non des groupes éditoriaux, ils n'ont pas encore été achetés par Léo Scheer. Mais, j'avais fait ce rêve étrange et pénétrant que le réseau ouvert qu'est Internet pouvait servir l'édition ultra spécialisée qu'est l'édition de poésie contemporaine, loin des histoires de réseaux (marchands) et de pouvoirs (financiers). Que l'on parle du travail plus que des résidus (les publications). Que le tri sélectif avant la poubelle passe par la case lecture, car jamais un coup d'aide du CNL n'anoblira la qualité d'un texte.
Je deviens donneur de leçon, il faut que je dorme.
Sitaudis est le lieu, depuis un certain temps déjà, d'une campagne de dénigrement, quasi systématique, d'une "chose" aux contours flous qui aurait pour nom : micro édition. J'ai beau retourner cette "excitation" (Sitaudis se veut un lieu d'excitations) sous tous les angles, je n'en comprends toujours pas le sens.
Je lis dans l'article nommé "On a mal noté" : Le choix par l'auteur de « Saint-Tropez », (enfin un peu soutenue par de « grands » media), de publier son dernier texte dans une édition (Contre-Pied) un peu trop cheap à notre goût : forme d'auto édition déguisée et fabriquée surtout pour obtenir des renvois d'ascenseurs, ce genre de pratiques (alors que circulent déjà trop de textes) ne mérite aucun soutien.
Je me gratte la tête. Je pense à tellement de noms : Claude Royet-Journoud, Fluxus, Jean-Marc Baillieu, Dada, Julien Blaine, les Lettristes, Franco Beltrametti, Angeline Neveu, les Situationnistes, Lucien Suel, Présence Panchounette, l'Art Conceptuel... qui ont eu recours à la photocopie, à la micro édition et ont laissé, me semble-t-il quelques traces durables. Je me gratte la tête... il faut que je morde.
Pourquoi Nathalie Quintane devrait-elle se priver de publier chez un ami, l'un de ses premiers éditeurs, hors du giron de P.O.L. ? Une fois "starisée" on devrait oublier ceux qui ont été les premiers à saluer, à remarquer, la qualité d'un travail ? Le cheap photocopié de Contre-Pied me laisse le plaisir du texte, à l'inverse du chic glacé de Fusée. …crin fait écran.
Passage à l'acte. J'aime cette idée - je l'ai pratiquée, la pratique moi-même - du DO IT. DO IT la meilleure idée des hippies, boostée par les punks. La poésie manque de punks, de vrais punks, des sauvages. À vos photocopieurs. Prêts ? Créez ! …ditez ! Et que le web soit avec vous !On confond souvent auto-édition et édition à compte d'auteur. Cette dernière évite soigneusement le cheap, elle est dans l'imitation. Avec Contre-pied, pas de faux-semblants. Il s'agit ici d'une structure associative avec un comité de lecture (Olivier Domerg, Emmanuelle Bayamack-Tam, Jean-Marie Gleize) qui investit un peu d'argent et surtout beaucoup de temps et d'énergie à présenter des textes d'auteurs dont ils apprécient le travail.
Ma première publication (hors revue) à été Comment j'ai découpé certains de mes poèmes, publié aux …ditions Contre-Pied. Petit tirage de 150 exemplaires entièrement épuisé. Est-ce qu'une publication type offset chez un "gros" éditeur aurait eu pour résultat 150 exemplaires en circulation, 150 lecteurs pour un auteur alors complètement inconnu, y compris, à l'époque, de l'éditeur de Contre-pied (Quintane était dans le même cas) ? J'en doute. J'en doute fortement. Aujourd'hui c'est différent, je suis une star, j'écris sur le net.
Les renvois d'ascenseurs ? Parce-que quelqu'un (par exemple Olivier Domerg) qui écrit - qui écrit avant tout - et édite également des petits livres photocopiés, publie, par exemple Jean-Paul Chague. Pourquoi ce même Olivier Domerg ne pourrait-il publier dans la revue Hi.e.ms dont Jean-Paul Chague est un des membres du comité de rédaction ? Avoir une réciprocité d'intérêt pour le travail de l'autre serait impossible ? Que voir alors dans la présence d'ex-TXT dans Sitaudis dirigé par un ex-TXT ?
Les renvois d'ascenseurs (2) ? Je ris. Je ris parce que je connais des noms. Les noms nombreux de ceux qui inondent Contre-Pied de manuscrits et autres lettres insistantes pour être publié dans sa collection cheap. Les plus insistants n'étant pas forcément les plus démunis d'éditeurs. S'il cédait à cela, ce ne serait plus des renvois d'ascenseurs, mais de monte-charges ! Aujourd'hui Contre-Pied publie un deuxième texte d'auteurs déjà publiés il y a quelques années : Quintane, Meens, Tardy (des auteurs que l'on trouve sur Sitaudis, c'est dire si son goût est sûr !), afin de confirmer des choix et de faire découvrir de nouvelles facettes de ces auteurs.
Prenons dans cette dernière liste, Meens. Dominique Meens. Aujourd'hui je dors III de Dominique Meens. Un très grand livre. Un très grand livre qui ne serait ni plus ni moins grand livre chez Al Dante, Gallimard ou P.O.L.. Encore faudrait-il que ces éditeurs aient les couilles (j'aurai pu écrire courage, mais cela reflète moins ma pensée énervée) de publier un auteur qui pisse dans la soupe (froide ?) poétique. On demande à voir.
Pour rester dans le photocopié... Meens confond dans Le tri, n'est-ce pas... - volontairement ? - édition photocopiée/micro édition et pub. Pourtant tout le monde fait la différence (non ?), l'édition photocopiée/micro édition sert à faire circuler des textes, la pub sert à faire des cut-up.
Des textes circulent à nous de les attraper au vol. Des textes bons ou mauvais. Des textes bons ou mauvais circulent à nous de capter ceux qui nous conviennent, ceux dont nous avons besoin. Il n'y a jamais trop de textes qui circulent. Qui circulent où ? Je te lis, tu me lis et tous on écrit ? On notera que les livres de Contre-Pied sont lus notamment par des gens qui ne sont ni poètes, ni écrivains, mais par un public conquis par un travail sur le terrain (présentations, lectures publiques avec recours ou non à des lieux institutionnels) par un travail militant qui donne accès à des écritures dites difficiles.
Passons dans la cour des grands. Dans la cour des grands, on connaît d'autres papiers que le papier machine. Dans la cour des grands, on a - de moins en moins - des machines offsets, on a des tireuses numériques. Dites-moi alors ce qui distingue la petite, la moyenne, la grosse, la très grosse édition ? À quel moment on bascule d'une catégorie dans l'autre ? La très grosse édition est assez simple à cerner, elle publie exclusivement de la merde. Pensées profondes de navigateurs et autres sportifs, souvenirs d'enfance d'une miss gros lolos - attention, je n'ai rien contre les gros lolos - tout juste relâchée d'un appartement sous surveillance. À côté de cela, tout ce que j'ai dans ma bibliothèque doit pouvoir s'apparenter en termes d'exemplaires diffusés, à de la micro édition. Tout le reste est littérature ?
Autre pique de Sitaudis, une pique imprécise, envers VOIXéditions, lors d'un commentaire sur …crans, livre de Charles Pennequin. Pour moi, Richard Meïer (VOIXéditions) joue dans la cour des grands. On ne joue jamais assez, assez passionnément. Il a en lui le plaisir de faire des livres, de la rencontre avec des auteurs, des artistes. Cela se sent dès qu'on le rencontre, je l'ai rencontré. Je tiens à préciser ici (ça, c'est le double effet paranoïaque de Sitaudis), afin qu'on ne voit pas un vulgaire numéro de lèche dans les quelques lignes précédentes, que je vais publier chez VOIXéditions. J'en suis ravi car il publie également des auteurs dont j'apprécie le travail (Vassiliou, Blaine, Suel, Lucot, Bobillot, Suchère...). Il publie également des auteurs qui ne m'intéressent pas comme Pennequin dont je relis toujours les mêmes schémas (marque de fabrique). Il n'est pas le seul dans ce cas, le marché veut qu'on puisse être rapidement identifié (règne de l'héraldique, disait déjà Raymond Hains... dans les années 60), c'est un peu hors sujet, mais que voulez-vous aujourd'hui je mords. Venu des arts plastiques (comme praticien), Richard Meïer a un sens plastique de l'objet livre, ce que je nommerais une intelligence du livre. Cette chose est assez rare chez un éditeur, pour être soulignée. Cette chose n'est pas toujours présente chez les auteurs (je mords encore), même ceux qui écrivent de bons textes.
Effectivement un des problèmes pour VOIXéditions (mais également pour Contre-Pied et beaucoup d'autres) est la diffusion. Il ne faudrait peut-être pas oublier que l'on a affaire ici à des individus qui œuvrent seuls et non des groupes éditoriaux, ils n'ont pas encore été achetés par Léo Scheer. Mais, j'avais fait ce rêve étrange et pénétrant que le réseau ouvert qu'est Internet pouvait servir l'édition ultra spécialisée qu'est l'édition de poésie contemporaine, loin des histoires de réseaux (marchands) et de pouvoirs (financiers). Que l'on parle du travail plus que des résidus (les publications). Que le tri sélectif avant la poubelle passe par la case lecture, car jamais un coup d'aide du CNL n'anoblira la qualité d'un texte.
Je deviens donneur de leçon, il faut que je dorme.