26 mars
2002
Contributions
Nathalie Quintane et Maryline Desbiolles, remplissant récemment leurs déclarations de revenus, se sont indignées à juste titre de voir disparaître les droits d'auteur sur la même ligne que les salaires et autres revenus, donc non seulement plus justifiables de l'abattement supplémentaire par lequel la République manifestait son attachement aux créateurs...mais ravalés pour le Fisc au niveau de banals revenus! On a sollicité quelques écrivains de notre entourage pour réagir à cette infâmie, voici les meilleures contributions :
Il paraît que c'est franchement ridicule de se poser des questions comme- pourquoi me suis-je rendu compte que mes (faibles) droits d'auteurallaient être imposés comme mon salaire de prof au moment où j'ai lu madéclaration ? pourquoi personne n'en parle ?
- qu'est-ce que ça change, dans l'idée qu'une société se fait de sesécrivains ou dans l'image qu'elle en a, que la "spécificité" des droitsd'auteur ne soit plus reconnue, ou passe à la trappe de la généralité dessalaires ?
- Dois-je comprendre que l'activité d'écrivain (ou d'artiste) est soit unluxe qui méritera d'ici peu une taxation supplémentaire, soit un travailcomme un autre - et à ce moment-là, vu le temps que j'y passe, à l'heurequ'il est, elle devrait m'avoir rendue millionnaire.
- Est-ce que je pète plus haut que mon cul ?
Nathalie Quintane
J'avais noté ça aussi, qui me reste un peu "là"...
Mais tu proposes quoi ? Une manif des poètes pressurés entre la rue St Andrédes Arts et la rue Sébastien-Bottin ? Un sit-in devant le Palais du Facteur Pompidou ? La prise armée du siège de la SGDL ? Supplique en alexandrin au consul Fabius (Maxicunctator) ? Saccage poétriqué d'un MacDo ? Grève de la faim au siège POL ? Prise de maquis à l'ENS de Lyon ? Boycott de la Biennale du Val-de-Marne ? Moratoire global sur les plaquettes ? Exil sur l'Hélicon ?Transfert de tout aux Bahamas?"
Christian Prigent
LA TAXE DEMARCQ
évidemment que supprimer la déduction supplémentaire est dégueulasse,inique, barbare, populo-fasciste ou communiste ! Preuve s'il en fallaitqu'il n'y a plus de littérature française, seulement des journaleux (quiont conservé leur droit à déduction supplémentaire de 35 %) et desfootballeurs (pour qui a été inventé le droit rétribué à l'image !)Mais bon personne n'a moufté quand une TVA de 5,5 % (produits depremière nécessité) a été appliquée aux "oeuvres de l'esprit" (sic).
1°c'est confondre l'art avec la lessive.
2° les écrivains (vrais)n'ajoutent aucune valeur à rien ; les meilleurs (les pires) enenlèveraient plutôt.
3° quelle est la matière première transformée ? lalangue, le résidu de langue française moribarde qui va heureusementcrever d'ici un siècle ou deux, et la littérature francophone ou aphoneavec.
4° mais pour les pires (très rares : 10 maxi) d'entre nous, il nes'agit pas de cela : nous n'illustrons pas la langue, et moins encore ladéfendons : nous la crevons de non-langue, nous créons du vide, nousécrivons chinois.
Donc, je propose qu'on prélève une taxe sur tous les écriveurs de languefrançaise, une sorte de Tobin où chaque centaine de mots serait facturéeun centime d'euro. Les sommes ainsi perçues seraient redistribuées àtous ceux qui perturbent (à l'écrit) la vieille franchouillarde : 1 europar néologisme, 10 euros par mot bousillé, 100 euros par non-mot, 1000 euros parphrase inanalysable. On verrait qui seraient les plus riches. Et commenous serions riches, nous passerions à la télé et dans les gazettes. Lataxe Demarcq (du nom de son inventeur) commencerait à nous frappersévèrement. Il faudrait entrer en résistance (se souvenir de Beckett oude Benjamin Péret). Il faudrait devenir pro-est, prouesse, pro-ouest,soleil-toupie. Alors, alors seulement, l'oubli se souviendrait de nous.
Jacques Demarcq
Puisque les éditions francaises ne me payent jamais moi la question des droits d'auteurs me laisse plutot froid! En france, on me vole mes livres...sans meme les faire remarquer!Que faire?
Raymond Federman
Il paraît que c'est franchement ridicule de se poser des questions comme- pourquoi me suis-je rendu compte que mes (faibles) droits d'auteurallaient être imposés comme mon salaire de prof au moment où j'ai lu madéclaration ? pourquoi personne n'en parle ?
- qu'est-ce que ça change, dans l'idée qu'une société se fait de sesécrivains ou dans l'image qu'elle en a, que la "spécificité" des droitsd'auteur ne soit plus reconnue, ou passe à la trappe de la généralité dessalaires ?
- Dois-je comprendre que l'activité d'écrivain (ou d'artiste) est soit unluxe qui méritera d'ici peu une taxation supplémentaire, soit un travailcomme un autre - et à ce moment-là, vu le temps que j'y passe, à l'heurequ'il est, elle devrait m'avoir rendue millionnaire.
- Est-ce que je pète plus haut que mon cul ?
Nathalie Quintane
J'avais noté ça aussi, qui me reste un peu "là"...
Mais tu proposes quoi ? Une manif des poètes pressurés entre la rue St Andrédes Arts et la rue Sébastien-Bottin ? Un sit-in devant le Palais du Facteur Pompidou ? La prise armée du siège de la SGDL ? Supplique en alexandrin au consul Fabius (Maxicunctator) ? Saccage poétriqué d'un MacDo ? Grève de la faim au siège POL ? Prise de maquis à l'ENS de Lyon ? Boycott de la Biennale du Val-de-Marne ? Moratoire global sur les plaquettes ? Exil sur l'Hélicon ?Transfert de tout aux Bahamas?"
Christian Prigent
LA TAXE DEMARCQ
évidemment que supprimer la déduction supplémentaire est dégueulasse,inique, barbare, populo-fasciste ou communiste ! Preuve s'il en fallaitqu'il n'y a plus de littérature française, seulement des journaleux (quiont conservé leur droit à déduction supplémentaire de 35 %) et desfootballeurs (pour qui a été inventé le droit rétribué à l'image !)Mais bon
1°c'est confondre l'art avec la lessive.
2° les écrivains (vrais)n'ajoutent aucune valeur à rien ; les meilleurs (les pires) enenlèveraient plutôt.
3° quelle est la matière première transformée ? lalangue, le résidu de langue française moribarde qui va heureusementcrever d'ici un siècle ou deux, et la littérature francophone ou aphoneavec.
4° mais pour les pires (très rares : 10 maxi) d'entre nous, il nes'agit pas de cela : nous n'illustrons pas la langue, et moins encore ladéfendons : nous la crevons de non-langue, nous créons du vide, nousécrivons chinois.
Donc, je propose qu'on prélève une taxe sur tous les écriveurs de languefrançaise, une sorte de Tobin où chaque centaine de mots serait facturéeun centime d'euro. Les sommes ainsi perçues seraient redistribuées àtous ceux qui perturbent (à l'écrit) la vieille franchouillarde : 1 europar néologisme, 10 euros par mot bousillé, 100 euros par non-mot, 1000 euros parphrase inanalysable. On verrait qui seraient les plus riches. Et commenous serions riches, nous passerions à la télé et dans les gazettes. Lataxe Demarcq (du nom de son inventeur) commencerait à nous frappersévèrement. Il faudrait entrer en résistance (se souvenir de Beckett oude Benjamin Péret). Il faudrait devenir pro-est, prouesse, pro-ouest,soleil-toupie. Alors, alors seulement, l'oubli se souviendrait de nous.
Jacques Demarcq
Puisque les éditions francaises ne me payent jamais moi la question des droits d'auteurs me laisse plutot froid! En france, on me vole mes livres...sans meme les faire remarquer!Que faire?
Raymond Federman