04 mars
2011
L'avenir de La Pensée de Midi menacé !
Il fut un temps où cette Région était fière de défendre une revue littéraire et de débats d'idées. C'était, il est vrai, il y a un peu plus de dix ans, lorsque Toulon, Vitrolles, Marignane, Orange, étaient aux mains du Front National...
Il fut un temps où cette Région se préoccupait de culture, de réflexion, où elle encourageait les débats, comme ce fut par exemple le cas durant au moins cinq ans avec le Festival d'Avignon où elle demandait à La pensée de midi de les concevoir et de les animer...
Il fut un temps où cette Région défendait une réelle ambition en Méditerranée, où elle ne se contentait pas de vagues incantations. Manifestement cette époque est révolue...
Alors que penser de ce retrait brutal de subventions ? …tonnant, non, de vouloir faire disparaître une revue telle que La pensée de midi à un moment où survient le printemps arabe et alors que cette revue a construit durant les dix dernières années des relations privilégiées avec les écrivains, les artistes et les penseurs de cette région du monde. Saviez-vous, par exemple, que l'auteur de L'immeuble Yacoubian, Alaa al Aswany, succès mondial, qui vient de passer ses dernières semaines au Caire sur la place Tahrir, a été publié pour la première fois en France dans La pensée de midi ?
Manifestement, les responsables de cette Région ne le savent pas ou ils n'en ont cure !
Quelle bonne idée de couper entièrement les crédits accordés à cette revue, sans l'ombre d'une discussion ou d'une concertation, alors que depuis huit mois les courriers de l'association éditrice sont restés sans réponse !
Après dix ans de travail, 31 numéros publiés, qui le plus souvent font référence, des centaines de rencontres littéraires et de débats d'idées, nous avons appris, oralement, que le dossier était tout simplement retiré, sans aucune autre forme d'explication. Le fait du prince, circulez, il n'y a plus rien à voir !
…tonnant, non, comme manière de faire... Il est vrai que des conseillers mal avisés et des élus peu inspirés étaient depuis un moment déjà à la manœuvre. Ils auraient bien aimé que la revue soit "un instrument de la politique de communication de la Région". Oui, oui, vous avez bien lu !
Une revue littéraire et de débats d'idées telle que La pensée de midi, qui s'est inspirée du grand et bel exemple des Cahiers du Sud, transformée en organe de communication, ou en "média", ce qu'elle n'a jamais été et ne sera jamais...
Curieuse façon de penser, au XXIe siècle, surtout à un moment où gronde la révolte et où s'exprime avec force l'indignation.
Ces dix dernières années de chemin commun n'ont-elles été qu'un grand malentendu ? Une collectivité locale a-t-elle vocation à retrouver le programme de ses activités dans une publication qu'elle finance au titre d'une forme de narcissisme institutionnel ? Mais financer, par exemple, les Rencontres photographiques d'Arles ne lui donne pas, pour autant, le pouvoir de choisir les photographes exposés... Au nom de quoi devrait-elle intervenir dans le contenu éditorial d'une revue littéraire et de débats d'idées telle que La pensée de midi ?
Parce qu'elle en est le partenaire principal, il faudrait parler dans la revue de ses initiatives institutionnelles de coopération décentralisée ? Curieuse confusion des genres et bien inquiétante tentation !
Le projet éditorial de La pensée de midi n'a jamais été négocié et il n'a aucune vocation à l'être. La liberté de penser, de publier, d'écrire n'a pas de prix, n'en déplaise à ceux qui au sein de cette Région aimeraient la contrôler.
Grâce soit rendue à la Région et à son président d'avoir soutenu cette revue durant dix ans. L'effort financier est réel, près de 700 000 €. Cet argent public a été employé avec un grand discernement et en toute rigueur. La pensée de midi a fait ce à quoi elle s'était engagée par convention : publier trois numéros par an, soit 31 numéros en un peu plus de dix ans, organiser des rencontres littéraires et de débats d'idées, diffuser largement la revue sur le web (plus de 210 000 consultations de textes de la revue sur le site CAIRN en 2010). La diffusion papier a toujours été, il est vrai, relativement limitée, autour de 1000 exemplaires, abonnés compris. C'est certes insuffisant mais cela correspond, et même un peu au-delà, à la diffusion d'une revue de ce type, qui justement ne relève pas du champ commercial. C'est d'ailleurs pourquoi elle a besoin de mécénat et de financements publics.
En 2009, le budget de La pensée de midi était d'un montant de 169 000 €, la Région apportant un peu moins de la moitié du financement. Est-ce trop demander pour une revue qui a acquis une réelle reconnaissance, à l'échelle nationale et internationale et qui a ouvert un espace éditorial qui compte ?
Il fut un temps où cette Région le pensait. Ce n'est manifestement plus le cas aujourd'hui.
Face à la grave crise de financement des collectivités locales et territoriales, la revue avait anticipé les restrictions budgétaires en cours et avait déposé, pour 2011, une demande de financement de 40 % de moins que les financements précédents.
Ce n'est manifestement pas la question budgétaire qui a compté dans la décision prise par la Région. C'est un choix arbitraire et infondé, inspiré par des conseillers à la courte-vue, surtout à un moment où s'annonce Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture, et où il aurait fallu renforcer les liens avec les acteurs culturels et intellectuels de l'autre côté de la Méditerranée. Un tel aveuglement est confondant !
Sur le fond comme sur la forme, le comportement de la Région PACA est indigne.
La revue La pensée de midi n'a pas changé de cap. Elle reste fidèlement orientée vers le monde méditerranéen. Elle n'a pas non plus changé de rédacteur en chef. Elle a juste proposé de changer de formule. Publier une revue annuelle, sous une forme singulière, en renforçant la dimension artistique et en étoffant la pagination, tout en développant, grâce aux financements demandés, sa version numérique et sa présence sur le web, ce qui est le nouvel horizon des revues aujourd'hui.
La Région se retire, unilatéralement, nous inventerons donc autre chose sans elle. Elle met certes en péril une structure, supprime un emploi et fragilise un lieu de pensée critique, mais nous saurons rebondir.
A l'heure du printemps arabe, au moment où s'accomplit sous nos yeux une véritable reconfiguration du monde méditerranéen qui a tant besoin d'être pensé, nous pouvons déjà annoncer à la Région le titre du prochain numéro de La pensée de midi qui devrait paraître à l'automne 2011 : Le temps des utopies concrètes...
Qui sait, cela pourra peut-être l'inspirer !
Il fut un temps où cette Région se préoccupait de culture, de réflexion, où elle encourageait les débats, comme ce fut par exemple le cas durant au moins cinq ans avec le Festival d'Avignon où elle demandait à La pensée de midi de les concevoir et de les animer...
Il fut un temps où cette Région défendait une réelle ambition en Méditerranée, où elle ne se contentait pas de vagues incantations. Manifestement cette époque est révolue...
Alors que penser de ce retrait brutal de subventions ? …tonnant, non, de vouloir faire disparaître une revue telle que La pensée de midi à un moment où survient le printemps arabe et alors que cette revue a construit durant les dix dernières années des relations privilégiées avec les écrivains, les artistes et les penseurs de cette région du monde. Saviez-vous, par exemple, que l'auteur de L'immeuble Yacoubian, Alaa al Aswany, succès mondial, qui vient de passer ses dernières semaines au Caire sur la place Tahrir, a été publié pour la première fois en France dans La pensée de midi ?
Manifestement, les responsables de cette Région ne le savent pas ou ils n'en ont cure !
Quelle bonne idée de couper entièrement les crédits accordés à cette revue, sans l'ombre d'une discussion ou d'une concertation, alors que depuis huit mois les courriers de l'association éditrice sont restés sans réponse !
Après dix ans de travail, 31 numéros publiés, qui le plus souvent font référence, des centaines de rencontres littéraires et de débats d'idées, nous avons appris, oralement, que le dossier était tout simplement retiré, sans aucune autre forme d'explication. Le fait du prince, circulez, il n'y a plus rien à voir !
…tonnant, non, comme manière de faire... Il est vrai que des conseillers mal avisés et des élus peu inspirés étaient depuis un moment déjà à la manœuvre. Ils auraient bien aimé que la revue soit "un instrument de la politique de communication de la Région". Oui, oui, vous avez bien lu !
Une revue littéraire et de débats d'idées telle que La pensée de midi, qui s'est inspirée du grand et bel exemple des Cahiers du Sud, transformée en organe de communication, ou en "média", ce qu'elle n'a jamais été et ne sera jamais...
Curieuse façon de penser, au XXIe siècle, surtout à un moment où gronde la révolte et où s'exprime avec force l'indignation.
Ces dix dernières années de chemin commun n'ont-elles été qu'un grand malentendu ? Une collectivité locale a-t-elle vocation à retrouver le programme de ses activités dans une publication qu'elle finance au titre d'une forme de narcissisme institutionnel ? Mais financer, par exemple, les Rencontres photographiques d'Arles ne lui donne pas, pour autant, le pouvoir de choisir les photographes exposés... Au nom de quoi devrait-elle intervenir dans le contenu éditorial d'une revue littéraire et de débats d'idées telle que La pensée de midi ?
Parce qu'elle en est le partenaire principal, il faudrait parler dans la revue de ses initiatives institutionnelles de coopération décentralisée ? Curieuse confusion des genres et bien inquiétante tentation !
Le projet éditorial de La pensée de midi n'a jamais été négocié et il n'a aucune vocation à l'être. La liberté de penser, de publier, d'écrire n'a pas de prix, n'en déplaise à ceux qui au sein de cette Région aimeraient la contrôler.
Grâce soit rendue à la Région et à son président d'avoir soutenu cette revue durant dix ans. L'effort financier est réel, près de 700 000 €. Cet argent public a été employé avec un grand discernement et en toute rigueur. La pensée de midi a fait ce à quoi elle s'était engagée par convention : publier trois numéros par an, soit 31 numéros en un peu plus de dix ans, organiser des rencontres littéraires et de débats d'idées, diffuser largement la revue sur le web (plus de 210 000 consultations de textes de la revue sur le site CAIRN en 2010). La diffusion papier a toujours été, il est vrai, relativement limitée, autour de 1000 exemplaires, abonnés compris. C'est certes insuffisant mais cela correspond, et même un peu au-delà, à la diffusion d'une revue de ce type, qui justement ne relève pas du champ commercial. C'est d'ailleurs pourquoi elle a besoin de mécénat et de financements publics.
En 2009, le budget de La pensée de midi était d'un montant de 169 000 €, la Région apportant un peu moins de la moitié du financement. Est-ce trop demander pour une revue qui a acquis une réelle reconnaissance, à l'échelle nationale et internationale et qui a ouvert un espace éditorial qui compte ?
Il fut un temps où cette Région le pensait. Ce n'est manifestement plus le cas aujourd'hui.
Face à la grave crise de financement des collectivités locales et territoriales, la revue avait anticipé les restrictions budgétaires en cours et avait déposé, pour 2011, une demande de financement de 40 % de moins que les financements précédents.
Ce n'est manifestement pas la question budgétaire qui a compté dans la décision prise par la Région. C'est un choix arbitraire et infondé, inspiré par des conseillers à la courte-vue, surtout à un moment où s'annonce Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture, et où il aurait fallu renforcer les liens avec les acteurs culturels et intellectuels de l'autre côté de la Méditerranée. Un tel aveuglement est confondant !
Sur le fond comme sur la forme, le comportement de la Région PACA est indigne.
La revue La pensée de midi n'a pas changé de cap. Elle reste fidèlement orientée vers le monde méditerranéen. Elle n'a pas non plus changé de rédacteur en chef. Elle a juste proposé de changer de formule. Publier une revue annuelle, sous une forme singulière, en renforçant la dimension artistique et en étoffant la pagination, tout en développant, grâce aux financements demandés, sa version numérique et sa présence sur le web, ce qui est le nouvel horizon des revues aujourd'hui.
La Région se retire, unilatéralement, nous inventerons donc autre chose sans elle. Elle met certes en péril une structure, supprime un emploi et fragilise un lieu de pensée critique, mais nous saurons rebondir.
A l'heure du printemps arabe, au moment où s'accomplit sous nos yeux une véritable reconfiguration du monde méditerranéen qui a tant besoin d'être pensé, nous pouvons déjà annoncer à la Région le titre du prochain numéro de La pensée de midi qui devrait paraître à l'automne 2011 : Le temps des utopies concrètes...
Qui sait, cela pourra peut-être l'inspirer !
L'association éditrice de La pensée de midi