15 oct.
2001
Sur Marcel Bataillard
Une fois qu'on a évoqué dérision, scepticisme, second degré ou guignoleries et invoqué les mânes de Duchamp (quoiqu'il faille remonter plus loin et plus haut, au moins jusqu'aux Incohérents ), on a encore rien dit sur certains artistes tels que Marcel Bataillard.
Plus littéraire que tant d'autres et refusant d'être identifié à partir d'un type de media, de filière avec chef de file ou de produit, cette espèce d'artiste a la prétention de penser son travail comme de faire travailler sa pensée, ce qui perturbe les collectionneurs, les critiques mais aussi bien les pères et les pairs, tout ce qui va décorant le co-errant de l'époque.
Tous les moyens sont bons, toutes les techniques requises pour opérer des rapprochements qu'on eût pu, en des temps plus naïfs mais plus gais, qualifier d'émancipateurs : les montages de Marcel Bataillard traquent, truquent, troquent et détraquent les représentations de nos idoles, qu'il s'agisse de la scène de l'art ou plus largement de celle qui se donne comme monde réel. Travail de haute salubrité pour lequel l'artiste se doit de se connaître et il SE peint (ou dé-peint ?) les yeux fermés : ce faisant, il nous aide à reconsidérer notre propre regard, d'autant mieux qu'il assume, avec l'ironie du détachement, une cécité voyante qui est... voyante jusqu'au délire du désir d'immortalité.
C'est peu de dire que le peintre aveugle nous aide à ouvrir les yeux sur nos petites et grandes misères, sur les misères que nous constituons et devenons au gré des regards appris et de prosternations mornes, dévôts de nos veaux d'horreur : ses vues perçantes et cruelles sur la propre stature de l'artiste, sur le statut des mots ou des images de l'heure, nous libèrent des leurres de la transparence.
Plus littéraire que tant d'autres et refusant d'être identifié à partir d'un type de media, de filière avec chef de file ou de produit, cette espèce d'artiste a la prétention de penser son travail comme de faire travailler sa pensée, ce qui perturbe les collectionneurs, les critiques mais aussi bien les pères et les pairs, tout ce qui va décorant le co-errant de l'époque.
Tous les moyens sont bons, toutes les techniques requises pour opérer des rapprochements qu'on eût pu, en des temps plus naïfs mais plus gais, qualifier d'émancipateurs : les montages de Marcel Bataillard traquent, truquent, troquent et détraquent les représentations de nos idoles, qu'il s'agisse de la scène de l'art ou plus largement de celle qui se donne comme monde réel. Travail de haute salubrité pour lequel l'artiste se doit de se connaître et il SE peint (ou dé-peint ?) les yeux fermés : ce faisant, il nous aide à reconsidérer notre propre regard, d'autant mieux qu'il assume, avec l'ironie du détachement, une cécité voyante qui est... voyante jusqu'au délire du désir d'immortalité.
C'est peu de dire que le peintre aveugle nous aide à ouvrir les yeux sur nos petites et grandes misères, sur les misères que nous constituons et devenons au gré des regards appris et de prosternations mornes, dévôts de nos veaux d'horreur : ses vues perçantes et cruelles sur la propre stature de l'artiste, sur le statut des mots ou des images de l'heure, nous libèrent des leurres de la transparence.