20 juin
2006
Les écrivains contre l'écriture de Laurent Nunez (1900-2000) par Christian Arthaud
Est-ce vraiment de la haine... ?
Voici un essai roboratif et excitant pour tout amoureux de littérature (et qui la détesterait, de ce fait ?), d'abord parce qu'il est le fruit d'un travail pénétrant et assez ouvert sur des questions ré-actualisables à volonté (l'une d'elles, qui surprendra : peut-on écrire pour ne plus écrire ? est une des variantes cocasses de la suspicion qui pèse sur la chose littéraire) pour être lu par des non universitaires, ensuite parce qu'il déploie un argumentaire qui s'avance dans une parfaite connaissance des textes de Paulhan, de Blanchot, de Caillois notamment. L'horizon est certes plus éditorial (les auteurs de la grande maison NRF) que séculaire (les dates du titre laissent songeur) mais on pourra tirer grand profit de développements sur la Terreur (selon laquelle le langage sonne faux, tout est dit, le style est mort), sur la Rhétorique (ses règles sont nécessaires à notre liberté), sur l'impossible pèlerinage rimbaldien des Claudel, des H. Thomas, des Le Clezio, sur l'œuvre reconsidérée de J. Borel ou sur la critique vaine de R.L. des Forêts. L'auteur passe en revue quelques écrivains qui n'ont cessé de jeter l'opprobre sur un art pratiqué faute de mieux et non sans dégoût, le silence valant mieux, à les en croire, de même que la vie sans doute : Valéry, Breton, Aragon, Leiris, Cioran... ajoutant que cette frayeur était feinte puisqu'ils ont, chacun, laissé une œuvre considérable. On ne suivra pas toujours L. Nunez (l'imposture ou la sincérité semblent des catégories transparentes pour lui seul) mais son essai est alerte et nous laisse entrevoir quelques contradictions sur lesquelles le texte littéraire moderne se construit encore aujourd'hui, lorsque la rancune, sous une forme ou une autre, est encore à l'œuvre.
Voici un essai roboratif et excitant pour tout amoureux de littérature (et qui la détesterait, de ce fait ?), d'abord parce qu'il est le fruit d'un travail pénétrant et assez ouvert sur des questions ré-actualisables à volonté (l'une d'elles, qui surprendra : peut-on écrire pour ne plus écrire ? est une des variantes cocasses de la suspicion qui pèse sur la chose littéraire) pour être lu par des non universitaires, ensuite parce qu'il déploie un argumentaire qui s'avance dans une parfaite connaissance des textes de Paulhan, de Blanchot, de Caillois notamment. L'horizon est certes plus éditorial (les auteurs de la grande maison NRF) que séculaire (les dates du titre laissent songeur) mais on pourra tirer grand profit de développements sur la Terreur (selon laquelle le langage sonne faux, tout est dit, le style est mort), sur la Rhétorique (ses règles sont nécessaires à notre liberté), sur l'impossible pèlerinage rimbaldien des Claudel, des H. Thomas, des Le Clezio, sur l'œuvre reconsidérée de J. Borel ou sur la critique vaine de R.L. des Forêts. L'auteur passe en revue quelques écrivains qui n'ont cessé de jeter l'opprobre sur un art pratiqué faute de mieux et non sans dégoût, le silence valant mieux, à les en croire, de même que la vie sans doute : Valéry, Breton, Aragon, Leiris, Cioran... ajoutant que cette frayeur était feinte puisqu'ils ont, chacun, laissé une œuvre considérable. On ne suivra pas toujours L. Nunez (l'imposture ou la sincérité semblent des catégories transparentes pour lui seul) mais son essai est alerte et nous laisse entrevoir quelques contradictions sur lesquelles le texte littéraire moderne se construit encore aujourd'hui, lorsque la rancune, sous une forme ou une autre, est encore à l'œuvre.